Le chef du Haut-Conseil électoral (YSK) a confirmé la victoire du «oui», précisant qu'il devançait le «non» de quelque 1,25 million de voix. Mais les deux principaux partis de l'opposition ont dénoncé des «manipulations» et annoncé leur intention de demander le recomptage des voix. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a savouré hier sa victoire à un référendum sur l'extension de ses pouvoirs, un scrutin dont le résultat est contesté par l'opposition. Signe de cette polarisation, la réforme constitutionnelle a été approuvée à une courte majorité de 51,4%, selon un résultat provisoire publié par les médias, loin du plébiscite espéré par M. Erdogan. Aux termes de cette réforme, dont l'essentiel entrera en vigueur lors des prochaines élections en 2019, le Président deviendra l'unique détenteur du pouvoir exécutif, aura une main sur les pouvoirs judiciaire et législatif, et pourra émettre des décrets. L'unique point immédiatement applicable est la possibilité pour le Président de rejoindre un parti, ce que M. Erdogan devrait faire sans tarder en retrouvant son siège à la tête de l'AKP, la formation au pouvoir qu'il a cofondée. M. Erdogan, qui a salué, dimanche soir, une décision «historique», devait présider dans la soirée un Conseil des ministres au palais présidentiel à Ankara, selon la presse turque. Avec cette victoire, M. Erdogan, qui a échappé à une tentative de putsch le 15 juillet 2016, pourrait en théorie rester à la tête de l'Etat jusqu'en 2029. Le chef du Haut-Conseil électoral (YSK) a confirmé la victoire du «oui», précisant qu'il devançait le «non» de quelque 1,25 million de voix. Mais les deux principaux partis de l'opposition ont dénoncé des «manipulations» et annoncé leur intention de demander le recomptage des voix. En cause, la décision prise par le YSK, peu après le début du dépouillement des voix, de considérer comme valides les bulletins non marqués du sceau officiel des autorités électorales. L'opposition y a vu une manœuvre rendant possible des fraudes. Le CHP (social-démocrate) et le HDP (prokurde) ont dénoncé cette décision et affirmé qu'ils demanderaient un recomptage d'au moins un tiers des voix. Le YSK a «rendu sujet à débat la légitimité du référendum», selon Kemal Kiliçdaroglu, le chef du CHP. Le chef du YSK, Sadi Güven, a repoussé hier les critiques, affirmant que ces bulletins étaient «valides». Il a ajouté ne pas savoir combien de bulletins sans sceau officiel avaient été utilisés. Des observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe devaient rendre leurs conclusions préliminaires lors d'une conférence de presse attendue à Ankara à 12h GMT. Devançant d'éventuelles critiques, M. Erdogan avait demandé dimanche soir aux organisations internationales et aux pays étrangers de «respecter la décision de la nation». Avec la victoire du oui, les marchés espèrent un retour à la stabilité et la fin d'un cycle électoral quasi continu depuis un an et demi. La Bourse d'Istanbul a ouvert en hausse et la livre turque gagnait près de 2% face au dollar dans la matinée.