Entré en scène régionale récemment, le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) saisit l'occasion du 37e anniversaire du Printemps berbère d'avril 1980 pour mettre en garde contre les velléités du pouvoir politique de «confisquer la symbolique du 20 Avril» en le folklorisant, et réaffirme le sens historique de cette date fondatrice pour le combat démocratique et identitaire. «Le Printemps amazigh est un rendez-vous avec la résistance face au déni identitaire, à la domination culturelle et politique», rappelle le mouvement dans une déclaration à la veille des célébrations de la première révolte démocratique contre la dictature du parti unique en 1980. Rendant un hommage appuyé aux générations de militants de la cause amazighe, mais surtout aux 126 jeunes assassinés en Kabylie lors du printemps de 2001, le mouvement autonomiste estime que les sacrifices consentis «ont permis de faire avancer notre combat et d'aboutir à quelques acquis, certes insuffisants, mais indéniablement concédés par le pouvoir autoritaire et discriminatoire algérien ayant fait usage de toutes les formes de répression et d'intimidation». Une de ces victoires avancées serait l'officialisation de la langue amazighe et son inscription dans le marbre de la Constitution dont le GPK conteste l'espace géopolitique auquel est arrimé l'Algérie en affirmant qu'elle est une «terre arabe». Un déni historique. «L'Algérie n'est pas un pays arabe, c'est une terre amazighe sur laquelle s'est construite une pluralité de cultures et de langues résultant de notre histoire avec différentes communautés d'expression amazighe et arabophone», définit le mouvement. Il préconise une réorientation géologique régionale de l'Algérie vers l'ensemble nord-africain et méditerranéen. «L'Algérie officielle, pour être l'émanation de l'Algérie réelle, est appelée à reconsidérer ses fondements et admettre que la nation algérienne est multiculturelle (…)», revendique le GPK. Pourfendeur du caractère jacobin de l'Etat algérien en ce sens qu'il rend «impossible» une équité linguistique, le mouvement préconise «un changement institutionnel profond de l'Etat avec la reconnaissance du statut d'autonomie pour les régions, dans lequel il reviendrait de droit aux locuteurs de l'amazighité de décider souverainement de la politique linguistique à adopter pour le développement et la sauvegarde de la langue, loin de toutes manœuvres de blocage ou d'interférence idéologiques…». Par ailleurs, la question des libertés démocratiques est intimement liée au combat identitaire dès l'origine, et le GPK s'inquiète des menaces qui pèsent sur les droits de l'homme. «Malgré leurs consécrations constitutionnelles, les libertés d'expression, d'opinion et de croyance sont quotidiennement violées», accuse le mouvement. «En Kabylie, les militants souverainistes font l'objet d'un harcèlement permanent des services de sécurité, alors que dans la vallée du M'zab, des prisonniers politiques, à leur tête Kamel Eddine Fekhar, continuent de subir une privation de liberté intolérable», dénonce le GPK qui appelle, à l'occasion du 20 avril, de célébrer cet événement dans «la dignité, la diversité et dans les formes qui ont permis son émergence».