Il est indéniable que la capitale prend de plus en plus d'allure. Le rythme effréné des travaux d'embellissement de la ville se ressent à travers l'ensemble de ses quartiers. Les grands chantiers d'autrefois sont devenus réalité. Les rames du métro sillonnent inlassablement les points de la ville en attendant l'expansion de ce moyen de transport moderne à travers la périphérie algéroise. Il est aussi agréable de citer la livraison, même partielle, du complexe de divertissement La promenade des Sablettes, au grand bonheur des milliers de familles. C'est dire que la ville d'Alger, qui ambitionne d'être la capitale sans bidonville, a le souci du détail pour améliorer le quotidien de ses habitants. Pourtant, ces grandes réalisations demeurent de simples infrastructures sans âme. Le matérialisme ne suffit pas à lui seul à rendre heureuse une population privée de la joie de vivre durant des décennies. L'ambiance d'antan qui animait les quartiers par leurs spécificités et leurs repères n'est plus au goût du jour. Les bouleversements sociaux ont travesti les repères séculaires pour en imposer d'étranges mimétismes venus d'ailleurs. La culture est proscrite jusque dans sa petite note de mélodie. Le théâtre a disparu, les salles de cinéma ont fermé leurs portes et la population a fini par déserter les rues avant la tombée de la nuit. La vie nocturne synonyme de bien-être social n'est plus d'actualité. Seules les veillées de Ramadhan permettent subitement aux familles d'envahir les rues, et aux enfants de découvrir des manèges jusqu'à l'aurore ! Ce repli sur soi et ces récréations programmées ont fini par s'ériger en seconde nature chez une population déjà traumatisée durant plus d'une décennie. Son isolement du reste du monde lui a été fatal aux yeux des touristes qui appréciaient sa chaleur et la beauté des sites qu'elle préservait. Les attraits d'autrefois tombent en ruine, à l'image de La Casbah devenue, au regard des sommes dépensées, un simple registre du commerce pour beaucoup. C'est bien la tâche qui échoit à tous les intervenants dans le destin de la capitale, celle de la réconcilier avec son âme, sa gaieté et sa joie de vivre ! Toutes les infrastructures et autres réalisations matérielles seront alors des moyens tout indiqués pour y parvenir.