L'aménagement d'un manège sur l'esplanade d'El-Kettani n'est pas du goût des riverains de l'avenue Abderrahmane-Miria qui se plaignent de tapage nocturne qui dure jusqu'à l'aube. L'existence autrefois si paisible et sereine n'est plus qu'un cauchemar pour les riverains du rivage d'El-Kettani, sis à l'estuaire du quartier de Bab El-Oued. En effet, l'îlot de rêve qu'était jadis l'ancien Padovani et l'insouciante vie de ses résidents ont basculé dans l'angoisse et l'inquiétude des méfaits des nuits blanches en raison du charivari de la foire foraine, installée là en dépit du caractère balnéaire du site marin si cher au regretté humoriste Sid-Ali Fernandel : "La venue toute récente de ces forains cause énormément de préjudices aux habitants de Bab-El-Oued en général à cause du ralentissement du trafic routier sur l'axe Bab-El-Oued-Bologhine et aux habitants de l'avenue Abderrahmane-Mira en particulier, qui ne ferment plus l'œil de la nuit à cause du charivari nocturne", a déclaré cette résidente de la rue Lakhdar-Saïdi (ex-Lestienne) que nous avons rencontrée près de l'enfilade des échoppes de l'ancien glacier Muller situé naguère rue Kadri-Ali. Accoudée à la balustrade de l'esplanade du Millénaire qui surplombe le rivage d'El-Kettani autorisé à la baignade, il est loisible d'évaluer à vue d'œil l'afflux humain qui gravite autour de l'attraction foraine et les lumières du carrousel d'animaux et de voitures tournoyantes dans le ciel. Loin de nous l'idée de jouer au rabat-joie, mais force est d'admettre qu'il n'y a aucune voie de secours pour l'évacuation d'urgence, si d'aventure le citoyen lambda se sent pris d'un vertige dû essentiellement à l'attrait du spectacle de "tournez-manège" et le chahut émanant des voitures téléguidées pour enfants. Du reste, il est difficile de se frayer un bout de chemin dans ce dédale de chapiteaux de kermesse, où le pop-corn et la "garantita" (sic) s'accompagnent d'un jus douteux. Au demeurant et de l'avis unanime des riverains, l'avenue Abderrahmane-Mira de Bab-El-Oued n'est plus qu'une gigantesque cour grouillant de "sahranine" (fêtards), où s'ajoutent le quidam friand d'une baignade nocturne et le lot de clameurs de noctambules : "Les habitants de Bab El-Oued ne comptent plus les ennuis, puisqu'aux aléas de l'exiguïté de nos maisons, s'ajoutent aussi les tracas de l'environnement accaparé par une faune de marginaux. Qu'on en juge, nul ne n'aventure comme par le passé après le f'tour, à s'aérer de la brise marine au bord d'El Kettani, histoire de fuir un tant soit peu la fournaise de nos appartements", a déclaré A. Rabah mon guide. Certes, l'idée d'implanter un manège est en soit généreuse, pour peu que l'autorité décide d'instaurer l'horaire d'extinction des feux pour veiller à la quiétude des riverains. En attendant cela, le manège est une foire-fouille d'ennuis: "De là à confondre Bab El-Oued avec les Sablettes, le pas est vite franchi vers l'aberration, du fait que les fêtards de l'avenue de l'ALN n'altèrent pas la quiétude des habitants de Belouizdad et d'Hussein-Dey. Donc, le mieux est d'évacuer cette foire foraine, source de désagréments", a ajouté B. Mohamed. Pendant ce temps et à un ressac de vagues de là, l'ambiance est plutôt sobre sur la place du Millénaire qu'est contiguë à la rue Meriem-Abdelaziz (ex-Icosium). Pour l'exemple, les auto-tamponneuses et le train sont à l'arrêt. Renseignement pris, les services de la wilaya d'Alger ont satisfait aux doléances des riverains du rivage de Qaâ-Essour (le pied du rempart) qui s'étaient plaints du vacarme ambiant du manège et son corollaire de billards et du thé de Timimoun, qui ont été légués aux résidents de l'îlot d'El Kettani (re-sic). D'autres, par contre, prétextent que la fermeture est due surtout à l'aspect vieillot du manège. Au demeurant, Qaâ-Essour et ses rochers plats et en forme de d'jmel (le chameau), invite au repos à l'aide d'une suite d'une cinquantaine de bancs publics, pour se remémorer les «s'bâa moudjate» (les sept vagues) nées dans l'imaginaire populaire de bonnes femmes. Pour info, le promontoire de Qaâ-Essour est devenu la promenade des Algérois, œuvre de la direction de l'aménagement et de la restructuration des quartiers (DARQ) au même titre qu'El-Kettani. L.N.