La célébration du 20 Avril 1980 à Bouira a été marquée, comme à l'accoutumée, par l'organisation d'une marche. Cette fois-ci, c'est RCD qui en a été l'initiateur. En effet, les militants de ce parti, à leur tête les candidats pour les législatives, ont animé un meeting devant près de 200 personnes, à la place des Martyrs du chef-lieu de wilaya. Des membres de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) de Bouira étaient aussi présents lors du meeting. La marche a commencé vers 11h. Plusieurs jeunes militants de la cause berbère ont rejoint la manifestation pour atteindre finalement quelque 500 personnes en direction du siège de la wilaya de Bouira. Et comme d'habitude, les slogans anti-pouvoir ont été scandés haut et fort. «A bas la répression», «Liberté d'expression», «Mazalagh d'imazighen», «Pouvoir assassin», Houkouma irhabiya» ! De leur côté, les forces de l'ordre ont quadrillé tout l'itinéraire allant de la place des Martyrs jusqu'au siège de la wilaya, ainsi que la statue de l'Emir Abdelkader. Après le rassemblement de tous les manifestants devant le siège de la wilaya, un autre discours et la distribution d'une déclaration dans laquelle on pouvait lire : «Le combat amazigh est loin d'être terminé, comme le fait croire le pouvoir avec la pseudo-officialisation de la langue amazighe.» Interpellations Ensuite les militants du RCD se sont dispersés, alors que des jeunes, pour la plupart des adolescents, ont continué la marche jusqu'à l'université Akli Mohand Oulhadj. A noter que mardi soir, les services de sécurité avaient interpellé plusieurs jeunes militants du RCD qui collaient des affiches pour la marche du 20 Avril, puis les ont relâchés. Quant à la marche que comptait organiser le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), elle a vite été avortée. Les militants de ce mouvement avaient essayé de mobiliser des étudiants devant le portail de l'université. Mais le dispositif sécuritaire mis en place a mis en échec la tentative des «Makistes» à s'organiser. Les forces de l'ordre ont arrêté 12 militants de ce mouvement. Tôt hier le matin, toute la ville de Bouira a été quadrillée par les forces de la police et antiémeute en commençant par la gare routière de l'entrée ouest du chef-lieu de la wilaya.