Des centaines de personnes ont répondu, hier à Bouira, à l'appel lancé par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), à l'occasion du 36e anniversaire du Printemps berbère pour réclamer l'officialisation effective de la langue amazighe. Après une prise de parole à la place des Martyrs, à 11h, les militants et les sympathisants du parti entament la marche vers le siège de la wilaya. Les marcheurs n'ont pas cessé de scander des slogans hostiles au pouvoir le long du périple. Ils exigent l'officialisation de la langue amazighe de manière effective et non de la «poudre aux yeux», comme l'ont souligné des militants du RCD lors de la prise de parole. Les marcheurs ont observé une halte devant le siège de la wilaya où une déclaration a été lue. «En mauvais élève en module de démocratie, le pouvoir négationniste refuse d'assimiler la portée démocratique du Printemps berbère. Il a osé tenter la normalisation de cette date à l'avant-garde du combat de dignité et de l'amazighité qui cimente la personnalité algérienne», lit-on dans la déclaration du bureau régional du RCD. «En revendiquant l'officialisation effective de la langue amazighe, nous avons déjoué tous ensemble cette tentative d'officialisation de façade que les violeurs de la Constitution ont tentée. Tamazight langue nationale et officielle dans ce viol constitutionnel est une tartufferie politique», ajoute le même document. Des dizaines de minutes plus tard, une autre marche organisée par les militants du mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) arrive à la placette de la maison de la culture Ali-Zamoum. La marche du MAK a démarré depuis le campus de l'université Akli-Mohand-Oulhadj. Plusieurs dizaines d'étudiants et sympathisants ont battu le pavé hier. Les deux marches se sont déroulées dans le calme. Aucun incident n'a été enregistré. La foule s'est dispersée pacifiquement. Il faut souligner par ailleurs qu'un dispositif sécuritaire impressionnant a été mis en place depuis les premières heures de la matinée d'hier. Les forces de l'ordre se sont positionnées sur les boulevards et ruelles empruntés par les marcheurs. La statue de l'Emir Abdelkader, qui était prise pour cible à chaque occasion par les militants du MAK, a été quadrillée par les forces antiémeute. Cependant, si le calme a régné, hier, les jours d'avant ont connu quelques incidents. Ces deux derniers jours, quatre jeunes militants du RCD ont été arrêtés puis relâchés quelque temps après par les services de police à M'Chedallah et El Asnam, au moment où ils affichaient l'appel à la marche d'hier. «Dans la nuit du 18 au 19 avril 2016 et en pleine campagne d'affichage de l'appel à la marche du 20 avril, des militants ont été arrêtés puis relâchés à M'Chedallah, d'autres ont été provoqués et menacés par les policiers à Bouira-Ville. Dans la nuit du 19 au 20, des militants ont été provoqués et intimidés à El Asnam. Le bureau régional du RCD de Bouira dénonce énergiquement cette énième provocation du pouvoir en place», lit-on dans un communiqué du RCD.