C'est en rangs dispersés que le 34e anniversaire du Printemps berbère a été commémoré dans la wilaya de Bouira. Il y avait trois marches distinctes, la première organisée par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, le MAK, les militants et partisans du RCD ainsi que ceux du MCB. Les forces de sécurité ont vainement essayé d'empêcher la marche en procédant à l'arrestation dès la matinée du premier groupe de jeunes manifestants arrivé de Saharidj à bord d'un fourgon et essayer de disperser la foule. Mais le nombre de manifestants ne cessait de s'accroître, obligeant les services de sécurité à lâcher prise. Le coup d'envoi simultané des marches a été donné à partir de l'université Akli-Mohand-Oulhadj. Chacun son slogan et banderoles, mais tous pour commémorer le 34e anniversaire du Printemps amazigh (1980) et le Printemps noir (2001). Tout au long du parcours, les partisans de l'autonomie de la Kabylie scandaient «Kabylie Autonome», «Corrigez l'Histoire, l'Algérie n'est pas arabe» ou encore «Pouvoir assassin». Pour ceux du MCB et du RCD c'étaitpratiquement les mêmes slogans. Parmi les manifestants, des enseignants du département de langue amazighe de l'université de Bouira ainsi que l'ex-député et militant du MCB et du RCD, Ali Brahimi. La procession humaine évaluée à près de six cents individus a sillonné plusieurs artères de la ville de Bouira sous haute protection policière. Il y avait de la tension dans l'air parmi les groupes qui ont emprunté le même itinéraire, les uns scandaient Imazighène, les autres répliquaient par Ikbayliéne (Kabyles). Arrivés au niveau de l'esplanade de la Concorde civile qui jouxte le siège de la wilaya et la maison de la culture Ali-Zaâmoum, la tension est montée d'un cran, difficile de trouver un consensus, sauf dans la minute de silence à la mémoire des martyrs du combat identitaire et pour la liberté et la démocratie. Certains jeunes Makistes chauffés à blanc voulaient vaille que vaille saccager la statue de l'Emir Abdelkader érigée au niveau de l'intersection du pont Sayeh. «On n'est pas ici pour semer la zizanie ou saccager quoi que ce soit», a crié un jeune étudiant en tamazight, «il faut commémoré cette date historique dans le calme et la dignité». Après une bonne demi-heure de pourparlers, la raison a fini par l'emporter et les manifestants se sont dispersés dans le calme.