Il a été très patient et très discret. Une posture qui s'est avérée payante pour Abdelmalek Bouchafa, premier secrétaire du FFS et tête de liste à Constantine pour les législatives du 4 mai prochain. «Nous sommes dans un combat politique et éthique contre ce pouvoir et l'oligarchie qu'il a engendrée», n'a-t-il cessé de répéter tout au long de l'entretien. Il ne veut surtout pas tirer la couverture à lui. D'emblée, il met en avant la stratégie de son parti. Lui arracher quelques informations personnelles s'est révélé un exercice périlleux. S'exprimant en arabe, ce quinquagénaire a fait ses premières classes dans le mouvement associatif Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) à partir de 1991. Une association née une année auparavant dans un contexte de crise politique majeure et que le FFS prendra sous son aile. Un strapontin pour rejoindre le militantisme politique. Bouchafa prendra fait et cause pour le plus ancien parti de l'opposition. Il lui sera fidèle même dans les moments de doute et de désertion de bon nombre de cadres dirigeants. «C'est quelqu'un qui a une très grande endurance, un militant convaincu», laisse-t-on entendre dans son entourage. Si sa légitimité au sein du Front des forces socialistes est ancrée depuis plus de 25 ans, celle populaire est encore à l'épreuve. Certes, il s'est frotté au suffrage universel en 2012 et il a réussi à se faire élire avec deux autres colistiers au sein de l'APW de Constantine. Il n'y a pas fait de la figuration, fera-t-il remarquer, mais les législatives restent le test à affronter. Ce diplômé de l'université Mentouri, cadre dans le secteur de l'éducation, est resté loyal aux positions du FFS durant toutes les années où ce dernier prônait la politique de la chaise vide. Il a refusé de céder à la tentation de rejoindre d'autres chapelles politiques. Cet engagement lui a quelque peu permis d'être propulsé au poste de délégué des fédérations de l'Est, puis sacré premier secrétaire national, le 4 mai 2016. Depuis, il a affiné sa vision concernant les visées de son bord. «Je ne serai pas un trois quart de secrétaire», avait-il averti. Le ton donc est donné pour aller à l'assaut d'autres circonscriptions en dehors de celles traditionnellement acquises. Il faut reconnaître qu'il a œuvré en amont à cette conception de la politique qui se veut inclusive et à l'adresse d'un large pan de la population. En sa qualité de secrétaire fédéral de Constantine, il a réussi un coup de maître lors des dernières législatives et municipales de 2012. Il a mené à la victoire son parti dans la deuxième municipalité de la wilaya, El Khroub, qu'il a arrachée au FLN. Il a tapé dans le mille dans le choix de ses représentants. Mieux encore, c'est grâce à cette dynamique qu'il a su impulser que le FFS a pu décrocher un mandat parlementaire pour la circonscription constantinoise, une première dans les annales de la formation du défunt Aït Ahmed. Adoubé par ce forcing politique, Bouchafa postule en tête de liste aux législatives prochaines, lui qui est né dans la wilaya de Jijel, le 29 janvier 1966. De fait, la députée sortante se retrouve reléguée à la deuxième position. Ce qui n'a pas été sans faire grincer des dents. «Il s'assure le seul mandat acquis à Constantine, il ne prend pas de risque», selon certaines indiscrétions. «Je n'avance pas de pronostic concernant les sièges, mais je reste confiant», nous a-t-il répondu sans trop s'attarder sur la question. Fort de son bilan positif dans la capitale de l'Est, il repart sereinement dans sa quête des voix. «Nous devons mobiliser un maximum de citoyens, non pas pour sauver le système, mais pour le projet du parti, celui du consensus national. Nous devons apporter de l'espoir pour que le peuple croie en l'acte politique», nous a-t-il répété, convaincu que le changement ne peut venir que des urnes. Mais l'ombre de l'abstention plane sur le prochain scrutin ? Il éludera aussi cette question, car la réponse réside dans le fait qu'il privilégie la campagne de proximité aux meetings. Et que fera-t-il pour sa circonscription s'il est élu ? «Le FFS maintiendra sa permanence ouverte pendant la durée du mandat, et nous défendrons les préoccupations des Constantinois sur les plans local et national.» Promesses de campagne ?