Dans cette commune née du découpage administratif de 1985 située à quelques encablures du chef-lieu de la daïra des Ouadhias, les jeunes, rongés par l'oisiveté, se consument à petit feu. Ces laissés-pour-compte représentent 48% de la population. Avant l'apparition du terrorisme islamiste, le jeune Abuwaddu ne vivait que pour la saison estivale pour retrouver son éden qu'il ne trouvera nulle part ailleurs. Tamda Ugelmim (lac Ouguelmim), un site naturel d'une indicible beauté à près de 2000 m d'altitude, constituait véritablement l'eldorado qui accueillait la jeunesse locale pour des périodes de camping qui duraient tout l'été. Ce site naturel offre, en plus de sa splendeur alpine, de sa vaste étendue qui regorge de sources d'eau d'une pureté exquise, un cadre agréable pour les rencontres avec des randonneurs de différentes régions d'Algérie et de différents pays du monde. C'est qu'à Tamda Ugelmim, c'est le monde qui venait vers nous, de sorte que les jeunes de cette région ne se considéraient nullement concernés par l'exil. A Tamda, il était aussi question de sport, puisque non loin du lac, on organisait des tournois de haute facture footballistique qui auraient pu constituer une réserve inestimable de joueurs pour les autres clubs. Une tentative de structuration d'un club sportif a vu le jour pour se propulser deux années plus tard en division supérieure. La belle aventure n'a pas pu se poursuivre au grand dam des centaines de jeunes qui ont assisté à la dissolution de cette équipe pour cause de manque de moyens financiers et d'infrastructures, puisque le seul stade ayant existé dans cette commune a longtemps fait l'objet d'un litige entre l'APC et un citoyen riverain du terrain qui voulait se l'approprier. Tamda Ugelmim étant « interdite » par le terrorisme depuis son apparition en 1992, le stade communal devenu un quartier militaire, les jeunes d'At Buwaddu se sont rabattus durant un long moment sur les terrains des communes voisines afin de donner libre cours à leur talent. L'éloignement a eu raison de leur passion ; ils ont fini par se résigner au fait que la pratique de ce sport populaire soit devenue un luxe qu'ils ne peuvent se permettre. De cette association sportive, il reste encore la section d'athlétisme. Elle assure la formation et l'encadrement de près de 40 athlètes, filles et garçons, répartis dans les catégories poussins, minimes, cadets et juniors. Les consécrations aux différentes compétitions, régionales et nationales, sont nombreuses et constantes. « Cette saison, nous confie M. Bachir, nous visons une triple qualification au championnat arabe, d'Afrique et au championnat du monde qui aura lieu en Italie. » Et d'ajouter : « Nous nous entraînons dans les champs et nous prenons d'énormes risques. »