Le feuilleton de la qualité de moudjahid et d'ancien condamné à mort du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, n'en finit pas d'alimenter la polémique. Les témoignages d'anciens moudjahidine ayant servi dans les rangs de l'Aln dans la même zone où Ould Abbès affirme avoir milité se multiplent. Ces témoignages venant de personnalités connues pour leur parcours militant et leur probité convergent pour dénier à Ould Abbès le passé révolutionnaire dont il se prévaut et les hauts faits d'armes qu'il s'attribue. C'est de Tlemcen, lors d'un meeting électoral, que le secrétaire général du Fln a répondu à ses détracteurs en exhibant un procès-verbal des forces armées coloniales, remis par un ancien compagnon d'armes présent au meeting, consignant sa condamnation à mort. Qui dit vrai, qui ment dans cette nouvelle affaire d'accusation et de contre-accusation sur la question de la participation à la Guerre de Libération nationale ? Le procès du scandale des «magistrats faussaires» révélé dans les années 1980 par un ancien cadre de la justice, M. Melouk, qui avait accusé ces derniers d'avoir usurpé la qualité de moudjahid, court toujours au niveau du tribunal. L'ancien fonctionnaire de la justice n'en a pas fini jusqu'à aujourd'hui de manger son pain noir et de subir les pires représailles, qui ont eu raison de sa santé et de sa carrière professionnelle, pour avoir osé ouvrir cette boîte de Pandore. Ce genre de débat controversé sur l'histoire portant sur des faits, des individus et des acteurs décédés tombés en martyrs ou encore en vie n'est pas nouveau. On se souvient de l'indignation qu'avaient suscitée les déclarations de Daho Ould Kablia, ancien officier du Malg (ministère de l'Armement et des Liaison générales) sur Abane Ramdane, ou encore les feux nourris émanant de témoignages d'anciens moudjahidine essuyés par le héros de la Bataille d'Alger, Yacef Saâdi, sur l'épisode relatif à la localisation et le dynamitage de la cache de ses compagnons à La Casbah par les parachutistes de Massu. Face à ces polémiques et à d'autres, où l'histoire, la dignité, l'honneur et la mémoire de nos moudjahidine et de nos valeureux chouhada ont été piétinés, souillés, l'autorité politique, le gouvernement, par l'entremise du ministère des Moudjahidine, l'Organisation nationale des moudjahidine censée détenir les fichiers de tous les moudjahidine et moudjahidate se murent dans un silence douteux. N'est-ce pas l'ONM qui examine les dossiers de reconnaissance de la qualité de moudjahid et qui délivre les attestations en la matière ? Même l'Association des anciens condamnés à mort ne se sent pas concernée par cette diatribe. Dans la polémique autour du passé révolutionnaire de Djamel Ould Abbès, il aurait pourtant suffi d'un communiqué s'appuyant sur des faits historiques vérifiés pour, sinon clore le débat, du moins canaliser dans un cadre approprié le débat sur l'histoire pour ne pas le laisser exposé aux surenchères politiques auxquelles on assiste. La personnalité de Djamel Ould Abbès, que l'on dit proche de la famille du président Bouteflika, pourrait bien expliquer l'embarras des institutions officielles à se positionner sur ce dossier. Déjà que la crédibilité des institutions est sérieusement mise à mal, que peut valoir, aux yeux de l'opinion, le document exhibé par Djamel Ould Abbès à Tlemcen pour prouver qu'il est un authentique moudjahid ?