Après un répit de quelques mois, la bataille pour la légitimité du Conseil national de l'enseignement supérieur (CNES) semble reprendre. L'aile de Abdelhafid Milat a décidé de réagir, quatre mois après la décision du gel des activités syndicales par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, pour tenir un sit-in de protestation, dimanche prochain, devant le siège du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, à Alger. Selon un communiqué adressé à la presse et publié sur la page Facebook du syndicat, cette initiative intervient à l'effet de «dénoncer le blocage administratif et revendiquer sa légitimité». A préciser que le CNES, depuis janvier 2017, est devenu un syndicat à deux têtes. Il existe actuellement deux bureaux nationaux et chacun brandit sa légitimité dans la représentation des enseignants des universités et centres universitaires du pays. En décembre dernier, Constantine a organisé un congrès pour élire le bureau national. Selon les informations en notre possession, il y a eu la participation des délégués des universités Constantine 1, Constantine 3, université islamique Emir Abdelkader, Tlemcen et Médéa. A l'issue, il y a eu l'élection de Abdelhafid Milat en tant que président du bureau national. Contestée par l'université Constantine 2, Alger et Béjaïa, pour ne citer que celles- là, cette instance dirigeante du CNES a été supplantée par une autre, installée en début du mois de janvier 2017 et dont le coordinateur est Abdelmalek Azzi. Nous avons tenté de prendre attache avec M. Milat pour avoir son son de cloche et des éclaircissements sur cette situation, mais nous n'avons pas eu de réponse. Sur sa page Facebook, il a posté des photos du congrès de Constantine, accompagnées de commentaires et d'articles de presse qui consacrent la légitimité de son élection. Et c'est l'aile de ce dernier qui, six mois après, a décidé de l'organisation d'un rassemblement devant le siège du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, le 14 du mois en cours « Conformément à la procédure juridique, le droit d'opposition de l'Administration tombe au bout de soixante jours, un délai dépassé depuis le 12 février dernier. Le CNES a aussi tenté de communiquer avec le ministère du Travail à plusieurs reprises, en vain. Face à cela, et après avoir eu recours à tous les moyens légaux pour mettre fin à ce conflit, nous avons décidé de tenir un rassemblement », est-il expliqué dans le communiqué. Les deux organismes se sont, depuis, livrés à une guerre de communiqués, à telle enseigne que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est intervenu pour l'arbitrage en gelant leurs activités respectives. D'autant que lors de l'installation du bureau du CNES -aile Azzi- à l'université Alger 3, le 16 février dernier, un groupe de jeunes munis d'armes blanches y a fait irruption et a agressé des enseignants. C'est sous la forme d'une note adressée, en février dernier, à tous les doyens et recteurs des universités que Tahar Hadjar a instruit la mise entre parenthèses des activités syndicales dans le secteur de l'enseignement supérieur. Une décision qui a surpris des syndicalistes et bon nombre d'enseignants «C'est une aberration», nous a déclaré à l'époque, Abdelmalek Azzi «Nous sommes surpris. C'est une décision insensée, il s'agit d'une organisation syndicale, ce qui n'est pas du ressort du ministère de l'Enseignement supérieur», a-t-il poursuivi. Et à lui d'estimer que le premier responsable du secteur n'a aucunement le droit de geler le syndicat et d'insiste sur la poursuite de ses activités. Depuis que le gel du CNES est prononcé par le ministère de tutelle, le travail syndical au sein des universités est incontestablement mis en veille, puisque l'Administration, recteurs et doyens, sont dans l'obligation d'appliquer la réglementation, nous a-t-on précisé.