Les habitants de Raffour, village relevant de la commune de M'chedallah, 40 km à l'est de Bouira, ont commémoré, samedi dernier, le 60e anniversaire de la destruction de leur ancien village, Ighzer Iwaquren. L'événement, organisé par le comité du village Ighzer, a vu la participation de plus de 2000 personnes, hommes, femmes, vieux, enfants, tous venus accomplir leur pèlerinage annuel à l'endroit qui était le village de leurs ancêtres. Ce fut un certain 6 mai 1957, se souviennent les survivants du massacre perpétré par les soldats de l'armée coloniale française sous le commandement du général Marcel Bigeard, que fut détruit leur village. Ighzer, culminant à 1000 m, a été encerclé, détruit totalement et incendié, et sa population a été déportée en raison de son soutien indéfectible à la glorieuse Révolution et aux moudjahidine. Malika Gaïd, l'héroïne infirmière de l'ALN, soignait les blessés à Ighzer, un endroit qui faisait aussi office d'hôpital-refuge. Après sa destruction, la population a été conduite de force vers le village Lejdid, situé un peu plus à l'est. Sur la route, un accrochage éclata entre les moudjahidine et les soldats de l'armée coloniale. «Les cris d'Allah Akbar des moudjahidine étaient accompagnés des youyous des femmes. C'était le summum du courage et de la bravoure que d'assister à une bataille aussi violente et ne plus reculer devant la barbarie de l'armée coloniale», se rappellent encore les survivants qui gardent toujours une plaie dans la mémoire. Ces instants tragiques ont été immortalisés par la poésie que récitent notamment les vieilles rescapées. En 1958, les populations d'Ighzer et Lejdid ont été déportées plus loin au sud, vers un camp de concentration, dénommé «Camp de toile». L'histoire de la région d'Iwaquren ne s'arrête pas là. Le 19 décembre 1959, les soldats français ont tendu une embuscade aux moudjahidine, à moins d'un kilomètre à l'ouest du village Ighzer. Bilan lourd dans les rangs de l'ALN : plus d'une cinquantaine de moudjahidine tombèrent au champ d'honneur. Le wali de Bouira, lors de son déplacement sur les lieux de la bataille, a déposé la première pierre d'une stèle commémorative à la mémoire des valeureux martyrs.