Le village, qui servait pendant la Guerre de Libération nationale de refuge aux combattants de l'ALN, a été incendié par l'armée coloniale le 6 mai 1957. Une ambiance de fête régnait, vendredi dernier, à Ighzer Iwakuren, un village perché sur les hauteurs de la commune de Saharidj, au pied du mont Lalla Khedidja. Des centaines de familles sont venues de Raffour et d'ailleurs pour commémorer et se souvenir d'un événement douloureux et historique ayant eu lieu le 6 mai 1957. Le village a été transformé en un véritable lieu de pèlerinage à l'occasion de la commémoration du 59e anniversaire de sa destruction par l'armée coloniale et la déportation de ses habitants. L'armée française avait incendié des centaines de foyers. Les terres des villageois étaient déclarées zone interdite. Cette date restera gravée dans la mémoire des villageois et doit être impérativement inscrite comme événement national. L'administration coloniale, après avoir incendié les habitations, a dressé un camp de concentration en toile, regroupant les habitants du village Ighzer Iwakuren et Thaddarth Lejdid, un autre bourg qui avait subi le même sort le 4 novembre 1958. La population du arch Iwakuren a payé un lourd tribut durant la guerre de libération. Les deux villages comptent 114 martyrs, témoignent d'anciens moudjahidine de la région. Pour marquer l'événement, l'association du village, présidée par l'infatigable Hocine Ouchen, fils de chahid, a concocté un programme riche et varié. C'est au niveau du siège de l'association du village, à Raffour, qu'une exposition de photos des martyrs du village a eu lieu. Une gerbe de fleurs a été déposée sur le cimetière des chouhada. Le moudjahid Hocine Idir, qui avait pris le chemin du maquis à l'âge de 17 ans, témoigne des circonstances de ce massacre : «L'armée coloniale a mis 3 jours pour incendier le village. Les moudjahidine n'ont jamais quitté notre village. Un refuge pour s'occuper des malades avait été installé et dirigé par la moudjahida Malika Gaïd», se rappelle-t-il. Malika Gaïd, cette héroïne de la Révolution, est tombée au champ d'honneur le 27 juin 1957 à l'âge de 24 ans. La zone avait été dirigée par le lieutenant Amrouche Mouloud, affecté comme chef de zone par le colonel Amirouche, dans le but de mettre de l'ordre dans la région. Informée de la présence des moudjahidine et dudit refuge, l'armée coloniale a décidé de mener une opération qui a duré plusieurs jours, ciblant le village. «Le 4 mai 1957, l'armée coloniale a encerclé toute la région en mobilisant des milliers d'hommes. Elle avait reçu l'ordre de mettre le feu aux habitations situées autour du village. Cependant, les moudjahidine, qui étaient bien embusqués, ont réussi à neutraliser des dizaines de militaires français. L'armée française a dû mobiliser des hélicoptères pour évacuer ses blessés», témoigne encore le moudjahid Hocine Idir. La réaction de l'armée coloniale a été violente, dès lors qu'elle a décidé de mettre le feu aux habitations après avoir évacué la population vers le camp de toile. Les habitants du village étaient durant toute la période de la guerre de libération interdits d'accéder à leurs terres, souligne encore le maquisard.