Bloqués depuis plusieurs années, certains projets d'aménagement urbain ont produit l'effet contraire à celui escompté par les pouvoirs publics. Lancé au temps de l'aisance financière, le programme d'amélioration urbaine n'a pas permis de changer l'image hideuse et inhospitalière qu'offrent la plupart des villes et villages de la wilaya de Boumerdès. Abandonnés peu après le démarrage des travaux, certains projets d'aménagement urbain ont produit l'effet contraire à celui escompté. Selon nos sources, la wilaya compte une soixantaine de chantiers qui sont bloqués à cause du manque de budget et le non-payement des entreprises engagées. «C'est une opération de dilapidation de deniers publics, pas un projet», s'emporte un habitant de la ville des Issers. Cette commune de 34 000 habitants a bénéficié de 340 millions de dinars pour la réfection des trottoirs, le revêtement des routes dégradées et la dotation de certaines cités en commodités nécessaires. Le projet, chapeauté par la direction de l'urbanisme et de la construction de la wilaya (DUC), a été inscrit en 2012, soit avant la chute des prix du pétrole et le début de la politique d'austérité. Cinq ans plus tard, le chantier n'a pas avancé d'un iota. L'entreprise a arraché les bordures puis a quitté les lieux, laissant tout le monde pantois. «L'état des trottoirs était meilleur que ce qu'il est aujourd'hui. L'entrepreneur qui a obtenu le marché vient d'être élu député sur la liste de l'ANR. Maintenant il va se la couler douce à l'APN et je ne pense pas qu'il reviendra ici», estime un marchand de légumes devant la mosquée du coin. Contacté, le P/APC, M. Slimani, affirme que le projet a été touché par le gel. «La DUC n'a pas d'argent. On n'a pas le choix, on va dégager une somme sur le budget communal pour revêtir la route», a-t-il souligné, rappelant que les élus locaux n'ont aucun droit de regard sur les projets sectoriels. Au centre-ville de Chabet El Ameur, la situation n'est pas meilleure. Les habitants sont exaspérés par les retards enregistrés pour l'aménagement des ruelles du centre-ville et la rénovation de divers réseaux auxquels l'Etat a dégagé 170 millions de dinars. Le chef-lieu est un chantier à ciel ouvert, avec des routes couvertes de gravier et des niches de réseaux d'assainissement et de la voirie non balisées. «L'entreprise n'a pas perçu ses situations financières c'est pour cela que les chantiers avancent lentement», explique un élu à l'APC. A Timezrit, le projet d'amélioration urbaine lancé en 2015 à Toursal n'a apporté que supplice pour les habitants. Là aussi on a tout creusé et arraché pour poser les trottoirs et les conduites d'assainissment, mais l'entreprise attend l'achèvement du projet de gaz, bloqué depuis 2015, pour continuer les travaux. Un problème qui prévaut à Boumraou (Naciria), où les citoyens avaient manifesté leur colère à maintes reprises contre l'arrêt des chantiers de gaz et d'AEP. A Bordj Ménaïel, la population s'interroge sur le sort des 360 millions de dinars dégagés pour donner un nouveau look à la ville. «L'entreprise n'a aménagé que la route de l'hôpital et quelques endroits au niveau de la cité la Forêt. En sus de cela, les travaux n'ont pas été effectués dans les normes. Cela fait huit mois qu'on nous a promis de diligenter une enquête à cet effet, mais ce n'est que du bluff», s'indigne un commerçant de la ville.