La Fédération nationale des herboristes et professionnels des produits naturels a réagi, avant-hier, à la nouvelle mesure décidée par le ministère du Commerce portant sur le gel des importations des mélanges d'herbes à partir du 1er juin 2017 jusqu'à codification. Créée en mars 2017 à Oran, cette fédération proteste contre la mesure d'interdiction «de commercialiser les mélanges d'herbes, à l'exception de la commercialisation en l'état sans mention de vertus thérapeutiques sur l'étiquetage ou de publicité de leurs vertus thérapeutiques par n'importe quel moyen». Selon Hamidi Mohammed, président du bureau de wilaya d'Oran de ladite fédération, «les herboristes ne sont pas contre la décision de gel des importations, mais l'interdiction de commercialiser les mélanges d'herbes n'est pas justifiée». Il déclare : «La décision du ministère interdit de commercialiser les préparations ou de mentionner les vertus thérapeutiques de nos produits. Ce n'est pas justifié. Nous allons tenir dans les heures qui viennent une réunion d'urgence et préparer un dossier détaillé que nous transmettrons au ministère du Commerce et celui de la Santé, en plus d'autres partenaires, afin d'expliciter la situation. Ces interdictions ne peuvent plus avoir lieu sans nous concerter, car nous sommes le premier et seul interlocuteur dans ce domaine. Nous nous sommes organisés en Fédération nationale et comptons parmi nous des spécialistes, biologistes, pharmacologues et surtout des expérimentés». Intervenant, mardi matin, à l'occasion d'une journée d'étude sur le rôle de l'artisan dans la protection et la valorisation du patrimoine médicinal algérien, M. Hamidi a souligné que «la fédération n'est pas contre le gel des importations qui, d'ailleurs, constituent une menace pour la médecine traditionnelle algérienne, mais le véritable problème demeure le statut de ces métiers qui doivent être réglementés». Et d'expliquer : «Les lois existent en Algérie, mais le tradi-praticien n'est pas reconnu. Nous avons besoin de statuts spécifiques pour protéger les consommateurs et promouvoir ces activités». S'agissant de l'interdiction de publicité ou de mention des vertus thérapeutiques des préparations, notre interlocuteur réagit : «Je ne vois pas où est le problème à spécifier le rôle et les vertus d'une plante». Quant à l'exigence de formation pour les commerçants dont les locaux ont été fermés, mentionnée dans le même communiqué, Hamidi Mohammed insiste sur le fait que «la formation dont il est question doit se faire avec la fédération qui compte des professeurs universitaires en biologie et autres spécialités liées à ce métier». Et d'ajouter : «C'est justement l'objet de notre rencontre aujourd'hui (mardi) qui a été programmée bien avant ce communiqué du ministère. Nous misons sur la formation pour la protection du consommateur et la promotion des différents métiers d'herboristes». De son côté, le Pr Mohammed Ayat, en sa qualité de biologiste, a commenté les importations de plantes médicinales : «Les chiffres dont nous disposons font état d'une explosion des importations de préparations et de plantes en 2016 avec une valeur de 12 millions de dollars alors qu'elles ne dépassaient pas les deux millions quelques années avant. Ces importations menacent les activités d'herboristes et de médecine traditionnelle dans notre pays. Cela empêche la valorisation des plantes et du patrimoine national.»