Le nombre d'officines d'herboristes a connu une hausse vertigineuse Depuis quelques semaines, le ministère du Commerce a procédé à la fermeture de plusieurs boutiques d'herboristes. Pour tenter de mettre un terme aux activités douteuses des herboristes qui mettent en danger la santé du citoyen, le gouvernement a pris la décision de geler l'importation des mélanges d'herbes à titre conservatoire, à partir du 1er juin prochain. C'est ce qu'a annoncé hier le ministère du Commerce dans un communiqué. «Il a été décidé, en coordination avec les secteurs concernés et à titre de mesure conservatoire, de geler l'importation des mélanges d'herbes destinés à la vente en l'état jusqu'à codification», peut-on lire dans ce document. Par conséquent, ajoute le communiqué, «il est interdit aux commerçants exerçant l'activité de préparation, de conditionnement ou de vente d'herbes de commercialiser les mélanges d'herbes, à l'exception de la commercialisation en l'état sans mention de vertus thérapeutiques sur l'étiquette ou de publicité sur leurs vertus thérapeutiques par n'importe quel moyen». Concernant les herboristes dont les locaux ont été fermés, le ministère rappelle que «la reprise de leur activité est tributaire de la modification de leur registre du commerce et de la signature d'un engagement de suivre une formation spécialisée pour laquelle ils seront convoqués ultérieurement», précise-t-on encore. Le ministère du Commerce appelle les concernés à se rapprocher des services des directions du commerce de la wilaya pour de plus amples informations. Il faut savoir que depuis une dizaine d'années, le nombre d'officines d'herboristes a connu une hausse vertigineuse. D'ailleurs, entre 2013 et 2016, quelque 1300 herboristes ont été inscrits au registre du commerce. Mais depuis quelques semaines, le ministère du Commerce a procédé à la fermeture de plusieurs boutiques d'herboristes, d'autant plus que la profession d'herboriste n'est soumise à aucune réglementation la régissant. Seul un registre du commerce suffit. A titre d'exemple, pas moins de 155 herboristeries pratiquant la médecine alternative, fermées dans la wilaya d'Alger l'ont été en février dernier. Quelque 155 herboristeries dont les propriétaires s'adonnaient à des activités autres que celles inscrites à leur registre du commerce, notamment la médecine alternative, ont été fermées au niveau de la wilaya d'Alger, a fait savoir aujourd'hui le représentant de la direction du commerce Layachi Dehar. La direction du commerce a ordonné la fermeture de ces locaux, herboristeries ou parfumeries, dont les propriétaires n'exerçaient pas l'activité portée sur leur registre du commerce et y pratiquaient plutôt la médecine alternative qui n'est pas enseignée en Algérie. Les propriétaires de ces boutiques pratiquaient la «hijama» alors qu'ils n'ont pas les qualifications requises, cette médecine n'étant pas enseignée dans les universités algériennes, a indiqué un représentant de la direction du commerce à l'APS. En outre, ces commerçants, qui n'ont aucune connaissance de la médecine alternative ou traditionnelle, proposent à la vente des mixtures dont les composés et l'origine restent inconnus et les effets néfastes pour la santé des citoyens, notamment ceux présentant des maladies chroniques. Profitant de la détresse des malades ayant désespéré d'un traitement au niveau des structures hospitalières, ces commerçants se livrent à «leurs activités douteuses», y compris la «hijama» et la roqia prétendant guérir toutes les maladies, a-t-il ajouté, soulignant que ces prestations étaient monnayées. Des procès-verbaux ont été dressés pour déférer ces affaires devant la justice, a fait savoir Layachi Dehar. Le président du Conseil national de l'ordre des médecins, Bekkat Berkani, a, quant à lui, indiqué que «la fermeture de ces commerces s'inscrit dans le cadre des mesures conservatoires adoptées par l'Etat pour préserver la santé des citoyens contre de tels pratiques illicites». Selon lui, l'absence d'un texte de loi régissant l'activité relative à la médecine traditionnelle a favorisé l'émergence de ces activités. «Il n'existe pas d'école ni d'institut de formation à la médecine traditionnelle en Algérie», a-t-il dit, préconisant la création de tels établissements afin de mettre un terme aux agissements qui nuisent à la société en général et à la santé du citoyen en particulier.