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Djahida Houadef expose à l'Institut Cervantes d'Alger : Rêve et poésie
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Publié dans El Watan le 14 - 05 - 2017

Ses personnages ploient dans une ambiance verdoyante, voire dans un paradis imaginaire et floral à la fois. Djahida Houadef est une artiste productive. Elle ne s'arrête pour ainsi dire jamais de créer.
A chaque fois qu'on la sollicite pour une exposition, elle répond présente. Son but n'est pas de se séparer de ses œuvres, mais plutôt que son public découvre l'évolution de son travail. Ainsi, elle fait une halte heureuse au niveau de l'Institut Cervantès d'Alger, jusqu'au 22 mai, pour présenter une imposante collection de tableaux, riche d'une cinquantaine d'œuvres. A travers le thème choisi de son exposition, «Nombreuses facettes», Djahida Houadef a intégré d'anciennes et de nouvelles œuvres : façon singulière de permettre, à plus d'un, de suivre l'évolution, à travers le temps, de cette artiste au talent inné.
En effet, elle propose des œuvres, réalisées entre 2005 et 2017, où l'on peut distinguer aisément le sens de la maîtrise du tracé et de la palette. Ainsi, les cimaises de la salle de conférences de l'Institut Cervantès sont tapissées de tableaux de différents formats, dont les couleurs éclatantes happent le regard de tout visiteur.
Ce dernier est comme ensorcelé par ses œuvres symphoniques, réalisées à l'acrylique, à l'huile sur toile et à la technique mixte sur papier.
Si dans les collections antérieures de Djahida Houadef le personnage était timide, voire absent, aujourd'hui il revient en force avec un changement de support, à savoir sur la toile, qui, selon elle, donne plus de lumière et de brillance. Djahida Houadef n'aime pas personnifier ses sujets.
De son avis, «c'est une présence qui, peut-être, représente son monde à elle, ou encore sa féminité en tant que femme. C'est un personnage qui était absent, mais, aujourd'hui, il est dans un autre contexte. Il a évolué à travers le temps. Il paraît le même, mais en réalité il n'est pas le même. Je ne veux pas dire femme, car je ne veux pas donner un sexe au personnage, qui est un humain.
Ce sont des sensations. Je veux parler de sensations et de l'âme de l'être. Pour moi, ce n'est ni un homme ni une femme, mais un être humain».
L'œuvre intitulée Baldaquin montre un lit d'époque faisant partie du patrimoine national qui a interpellé la plasticienne lors d'une visite au musée de Médéa. Plusieurs éléments sont intégrés, à l'image de ce personnage ou encore cette architecture ancienne.
«Aquiwane», mot en tamacheq qui veut dire maison, est une peinture qui met l'accent sur un personnage qui est présent au-delà du Nord. Il voyage et adopte l'intérieur de son espace tout en gardant sa personnalité et son âme. Des éléments-clés occupent l'espace, à l'image des gazelles et le Sahara avec ses fleurs.
Djahida Houadef, cette invétérée rêveuse, se plaît à répéter que son monde est fantastique, féerique et très poétique.
«Rahba» nous invite à découvrir un personnage avec un seul corps et trois visages, réalisé à la calligraphie : il s'agit là d'un genre d'appel à se constituer en groupe et rassembler les forces.
«Farket Negawez» est une scène d'un souvenir d'enfance. Assis sur un tapis traditionnel, un personnage au large sourire se plaît à jouer du bendir. La main de Fatma semble la protéger du mauvais œil. Positionnée entre l'intérieur et l'extérieur, les montagnes des Aurès sont planquées en toile de fond.
Dans «Couleurs de nos rêves», on découvre un personnage avec une robe aux couleurs chatoyantes, dont les contours sont ornés de dentelle et la tête est parée d'une coiffure africaine.
«Effervescence au ton africain» est un mélange de la femme africaine, chaouia et kabyle. Cette femme plurielle évolue dans un lieu paradisiaque où l'on aperçoit le Tassili N'Ajjer, les fleurs et les gazelles, dessinées à la manière rupestre.
Une partie de la collection revient sur le voyage touristique que l'artiste a effectué en 2012 au Liban et dont elle a présenté, à Alger en 2015 lors d'une exposition intitulée «Offrande au pays du Cèdre», des tableaux regorgeant de couleurs et de lumière. La palette est des plus joyeuses et des plus fortes. Elle s'est constituée et s'est renforcée à travers le temps. «Dans mon travail, dit-elle, il y a beaucoup de sensualité et de poésie. C'est un monde qui appelle au rêve.»
Le vert de N'gaous revient avec force. «Moi je suis très proche de la nature. La nature, c'est mon village qui me l'a inculquée. Quand j'étais petite, j'étais très observatrice. Je restais des heures à regarder la nature. Cet élément fait partie de mon âme et de mon identité. C'est un élément qui revient à chaque fois. Il y a le vert et le bleu de la Méditerranée, qui donne tout l'éclat à ma palette. Le soleil et la lumière de l'Algérie sont uniques.»
En somme, le voyage initiatique que propose Djahida Houadef à travers sa peinture permet de constater que ses personnages sont plus éclatés et ses couleurs sont encore plus joyeuses. Comme elle le dit si bien, sa peinture est contemporaine fantastique et poétique, elle invite tous les jours au rêve, à la poésie, à la sensualité et à la réalité.


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