Imaginaire n Un trio d'artistes (Djahida Houadef et Lamine Driss Dokman ainsi que l'Espagnole Marga Riera) expose à l'hôtel El-Aurassi. Tous exposent une série de peintures ou de dessins, chacun dans un genre ou tendance qui lui est spécifique, et cela à partir d'une liberté dans la création. L'exposition comprend près d'une quarantaine de tableaux aux techniques variées, allant de la peinture à l'huile sur toile à l'acrylique, en passant par une technique mixte. Trois artistes, trois imaginaires, trois sensibilités. Djahida Houadef présente et développe un imaginaire fantasmagorique : ses peintures prenant des allures et aspects relevant du fantastique. Fantastique, parce que son sujet, la femme, apparaît différemment, parfois curieusement. Elle revêt une apparence et une existence florale, comme sortie d'une fable. Féerique, elle est projetée dans un univers tout en fleur, tout en mosaïque. Ainsi, l'artiste peint la femme – un personnage récurent dans son travail de création – avec autant d'insistance que d'imagination, et cela dans une palette riche en couleur et lumière. Elle montre la femme non pas ordinaire, commune, telle que n'importe qui aurait pu la voir, mais telle qu'elle l'imagine dans sa beauté et sa poésie. L'espace, cependant, revêt un caractère abstrait : la géographie s'efface, la matérialité est ébranlée et le temps, dans son exercice incessant, cesse d'exister. Rien que de l'irréel et de l'extraordinaire, voire du merveilleux. L'artiste, Djahida Houadef, nous conduit, par ses peintures, vers un monde à part, un étrange ailleurs. Elle nous conduit vers l'inconnu et nous offre une nouvelle nature certes très peu commune, mais rassurante et accueillante. Dokman a, pour sa part, privilégié dans sa création plusieurs sujets dont le regard. Il a mis en valeur l'expression du visage et des yeux, parce que, pour lui, ils sont «le reflet de l'âme». On peut alors voir le visage humain, anonyme certes, mais expressif, se dessiner et prendre forme sur la surface du tableau. Un visage avec des yeux : le regard est profond et parfois suggestif. Plus étrange, il nous est donné l'étrange impression que le regard est perdu, évasif, inexpressif et qui prend un aspect insolite.Même si l'artiste laisse apparaître les lignes et les formes, il n'en demeure pas moins que ses peintures prennent l'aspect d'une composition abstraite. Ainsi, par l'imagination, l'art de Dokman – un artiste avec qui on ne quitte presque jamais l'univers des corps et des visages – est poussé vers l'abstraction. Enfin l'artiste espagnole Marga Riera, qui s'est dite «émerveillée par la lumière d'Algérie», a présenté des tableaux réalisés lors de son séjour à Alger et dont la thématique est axée sur l'amour, la femme et la lumière des espaces. La plasticienne, dont les couleurs de prédilection sont les ocres marrons grisonnants, a peint les portes de la Casbah dont elle se dit «fascinée par le reflet de la lumière sur le bois», ainsi que les mains de femmes ornées de motifs réalisés avec du henné. «Avec cette humble participation, je veux rendre un petit hommage à la culture de l'Algérie qui m'a accueillie à bras ouverts», a-t-elle indiqué. Pour donner certains effets authentiques à ses tableaux, elle a utilisé de la poudre de fer et de la poudre de marbre.