C'est à Dublin, en Irlande, que le patron du FCE, Ali Haddad, est allé prêcher la trinité en laquelle croit désormais son organisation : sécurité alimentaire, sécurité énergétique et sécurité numérique. Trois chantiers qui attendent l'Algérie et dans lesquels les Irlandais excellent en maîtres. Huit des 10 premières entreprises mondiales de jeux vidéo sont implantées en Irlande, 9 des 10 principales entreprises mondiales de TIC y sont également érigées. Le pays accapare 50% des principaux groupes mondiaux de services financiers, il compte sur son sol également 15 des 20 plus grandes firmes mondiales de dispositifs médicaux, ainsi que 6 des 7 plus grandes sociétés mondiales de diagnostic médical. Ces chiffres suffisent à expliquer le choix porté sur Dublin qui, de prime abord, ne ressemble point à une destination de hasard. Le FCE souhaite ainsi tirer profit de l'expertise irlandaise confirmée dans les domaines de l'agriculture, des énergies renouvelables et des TIC. Lors de ses différents entretiens avec les patrons et les responsables irlandais, Ali Haddad a défendu l'idée d'accélérer les contacts afin de parvenir à la conclusion de premiers accords d'investissement. En ligne de mire, le secteur agricole, plus particulièrement l'élevage pour la production de lait et de viande. Concrètement, l'ambition du FCE dans ce domaine est de voir des investissements irlandais, à l'image du projet Almarai implanté en Arabie Saoudite, se réaliser en Algérie. Pour Ali Haddad, s'affranchir des importations des produits laitiers est une priorité. Le pays occupe la place de 2e importateur mondial de poudre de lait, tout juste derrière la Chine, un pays de plus de 1,3 milliard d'habitants. Au cours de cinq dernières années, l'Algérie représentait 17% du marché mondial de produits laitiers ; un élément de vulnérabilité alimentaire auquel il faudra apporter des réponses urgentes, selon le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE). En Irlande, la production du lait et ses dérivés représente 34% du potentiel agricole. Réussir la transition énergétique En chiffres, l'Irlande produit annuellement pour 26 milliards d'euros de produits laitiers et exporte pour 11 milliards d'euros, correspondant à 12,7% des exportations du pays. «Notre pays est un grand importateur de poudre de lait. L'Algérie importe en effet plus de 50% de sa consommation de ce produit pour un montant de près de 1,3 milliard de dollars. Nous aimerions inverser cette tendance et réduire cette facture en valorisant la production algérienne. Il existe donc un grand potentiel qu'il conviendrait de développer en partenariat avec les entreprises irlandaises», suggère Ali Haddad, lors d'une rencontre d'affaires FCE-Entreprise Ireland, organisée à Dublin. Peu avant la rencontre, le président du FCE a eu une entrevue avec Eddie O'Connor, CEO de Mainstream Renewable Power. Ils ont débattu de l'investissement dans les énergies renouvelables, un secteur prioritaire qui bénéficie d'un intérêt particulier, voire d'un important effort budgétaire de l'Etat. Le patron de Mainstream Renewable Power voit en l'Algérie «une grande opportunité et une porte vers l'Afrique». Il souhaite à cet effet créer un consortium pour répondre à l'appel d'offres pour l'installation d'un parc solaire de 4000 GW qu'entend lancer l'Algérie. Pour dire toute la compétitivité de son groupe, Eddie O'Connor affirme pouvoir lever des fonds pour couvrir ses investissements en Algérie, mobiliser les fonds de garantie et les partenaires nécessaires pour des packagings complets financements/garantie. Ceci en réponse à un questionnement du président du FCE sur la nature des couvertures budgétaires à mettre en place sans que celles-ci soient conditionnées par la garantie souveraine de l'Etat. Ainsi, certains montages financiers sont tout à fait envisageables, d'autant plus que la conjoncture est marquée à l'international par la baisse des coûts en matière d'investissement dans les énergies renouvelables et en interne par une tendance favorable à une levée de fonds sur les marchés internationaux. Sécurité numérique : un défi et non des moindres Pour Ali Haddad, résoudre l'équation complexe de la sécurité énergétique passe par le relèvement de l'apport des énergies renouvelables au mix énergétique national. Cela peut paraître évident, mais s'engager à résoudre une telle équation requiert un important plan d'investissement et d'industrie, étalé sur plusieurs années, soutient Ali Haddad. A l'occasion d'un entretien avec le ministre irlandais de l'Energie et de l'Environnement, le patron du FCE a salué les réalisations spectaculaires de l'Irlande dans le domaine des énergies renouvelables. Il a rappelé que l'Algérie lancera sous peu un méga-appel d'offres de 4000 GW, une occasion, selon lui, pour que les groupes irlandais puissent apporter leur contribution au défi de la transition énergétique en Algérie. Dans ce dossier énergétique, l'Etat est prêt à lever toutes les contraintes possibles pour appuyer davantage sur le champignon de la transition énergétique. Il y va de la sécurité énergétique de l'Algérie, souligne le patron du FCE. La délégation du FCE qui s'est rendue à Dublin a visité aussi plusieurs entreprises spécialisées dans les TIC et les services financiers. C'est un secteur qui emploie 87 000 personnes en Irlande. Les autorités irlandaises ont contribué à la création de 101 start-up en 2016 pour un montant investi de 1 milliard d'euros, en hausse de 50% par rapport à 2015. Sur ce terrain, l'ambition de l'Irlande est d'atteindre une croissance de 30% dans les créations d'emplois par les technologies et l'industrie du digital. Celle du FCE est de faire profiter l'Algérie des compétences de l'Irlande dans ce domaine. TIC, agriculture et énergies renouvelables, telle était le triptyque qui servait de base aux discussions du patron du FCE avec ses différents interlocuteurs à Dublin. Le défi qui attend notre pays repose sur des piliers semblables à ceux qui font l'essentiel de la croissance irlandaise : la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique et la sécurité numérique. Ali Titouche Une rencontre d'affaires en novembre à Alger Une délégation de responsables et d'investisseurs irlandais pourrait séjourner à Alger avant la fin de l'année en cours. Une rencontre d'affaires les regroupant avec des officiels et industriels algériens pourrait se tenir en novembre de cette année, avons-nous appris lors des échanges qui ont eu lieu, à Dublin, entre membres du FCE et patrons d'Enterprise Ireland. Lors de cette réunion, les partenaires irlandais et algériens pourraient discuter de premiers projets de partenariat dans le domaine de l'élevage pour la production de lait et de viande. Une représentation du FCE à Dublin Après Paris, Londres, Bruxelles, Berlin, Madrid et Luxembourg, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) vient d'ouvrir une représentation à Dublin. A l'issue d'une visite qui l'a conduit dans la capitale irlandaise, le président du FCE, Ali Haddad, a procédé à l'installation de Moussa Bouguerra en qualité de membre honoraire de son organisation en Irlande. Le FCE poursuit ainsi la dynamique de son développement à l'international qui a caractérisé les années 2015 et 2016. Cette dynamique vise la promotion du partenariat des entreprises algériennes et le développement de leurs capacités d'exportation.