Enquêteurs et experts informatiques internationaux traquaient hier les pirates informatiques à l'origine de la cyberattaque mondiale «sans précédent», qui pourraient frapper à nouveau dans les jours à venir. L'attaque est «d'un niveau sans précédent» et «exigera une enquête internationale complexe pour identifier les coupables», a indiqué l'Office européen des polices Europol, en précisant qu'une équipe dédiée au sein de son Centre européen sur la cybercriminalité avait été «spécialement montée pour aider dans cette enquête, et elle jouera un rôle important». L'Algérie est-elle épargnée par cette vague ? Les décideurs algériens ont-ils conscience de cette nouvelle menace numérique ? «Des personnes isolées ont été déjà probablement touchées. Le risque est grand pour ceux qui communiquent par mail. Ce virus peut aussi se transmettre à travers des sites web», commente Younès Grar, observateur de l'évolution des TIC en Algérie. Mais si notre pays n'est pas aussi exposé que les autres, c'est à cause de deux facteurs, selon le consultant. «Il n'y a pas beaucoup de services électroniques et de secteurs informatisés, ni la culture de la dénonciation de la part des administrations et des entreprises de peur de se sentir ridicule», explique-t-il. Cependant, notre pays qui s'est lancé dans l'administration et le paiement électroniques doit «se doter d'une politique nationale de sécurité informatique qui ne doit pas être confiée à un ministère. Il faut une prise en charge, selon une politique bien tracée pour éviter de mauvaises surprises». Selon lui, «la cyberattaque est une activité bien organisée pour gagner illicitement de l'argent, ça peut être aussi l'œuvre des services secrets des Etats dans le cadre de la guerre électronique». Ainsi, à l'instar des autres pays, l'Algérie connaît une émergence de la cybercriminalité. Avec l'ouverture de l'internet, l'insécurité en ligne ne cesse de croître et inquiète le monde entier, car nul n'est à l'abri, d'où la nécessité d'un dispositif de lutte et de prévention. «Il y a dix ans, la cybercriminalité était une affaire de spécialistes avec peu de victimes. Aujourd'hui, tout le monde est concerné», relève la Gendarmerie nationale dans une des éditions de la revue El Djeich qui ajoute que nous avons aujourd'hui plus de chance d'être victime d'un délit en ligne que dans «la vie réelle». Car internet, c'est la rue avec tous ses dangers amplifiés par la dimension mondiale du système. De plus, les criminels peuvent se situer dans un pays, agir par des machines situées dans un autre pour atteindre des victimes résidant dans un troisième, d'où la complexité de cette criminalité qui bénéficie de l'anonymat des auteurs et de la fragilité des indices. C'est un défi à relever que de protéger notre système d'information national. La Gendarmerie nationale a réussi ces dernières années à résoudre plusieurs affaires. Généralement, 65% des affaires sont relatives aux infractions contre les personnes, 8% aux atteintes à la sécurité publique et 27% aux infractions contre les institutions. 500 affaires liées à la cybercriminalité ont été traitées au niveau national en 2016, chiffre divulgué lors des travaux de la conférence nationale sur la cybercriminalité et la sécurité des données. La loi algérienne d'août 2009 sur la cybercriminalité nécessite une adaptation à la vitesse des crimes électroniques. «La cybersécurité est une question de sécurité nationale et est de la responsabilité de l'Etat qui intervient pour protéger le pays et la vie privée des citoyens internautes», suggère Abdelaziz Derdouri, directeur général de l'entreprise SSRI.