Samedi : «Celui qui veut la présidence doit attendre. L'ambition n'est pas un défaut, mais la convoitise est une mauvaise chose. Du moment que Bouteflika est président, aucune personne ne doit convoiter le pouvoir» : mais quelle mouche a donc piqué Djamel Ould Abbès, improvisé porte-parole du chef de l'Etat ? Et bien il paraît qu'Ahmed Ouyahia lui tape sur le système, et ce, depuis la campagne pour les législatives. Plus direct, Ould Abbès confie carrément à notre confrère El Khabar : «Je crois qu'Ahmed Ouyahia veut devenir président, ce n'est pas un défaut. Mais il y a un détail important, l'Algérie est présidée par Abdelaziz Bouteflika.» Comprendre, il ne faut pas évoquer ou même insinuer qu'on pense à l'après, même seul face à son miroir en se rasant le matin. Seddik Chihab, député RND et proche d'Ouyahia répond à Ould Abbès sur TSA : «Ouyahia ne se présentera jamais contre le président Bouteflika (…) Il y a des gens qui veulent faire douter de lui (Ouyahia) et saper sa crédibilité, son engagement, sa fidélité vis-à-vis de la République et du président de la République». Plus anecdotique (enfin, si l'on peut dire), le patron du FLN révèle que son fils, qui serait impliqué dans une affaire de fraude électorale, vit en France avec sa mère. «Mais, il vient souvent en Algérie. En toute franchise, celui qui a un dossier contre lui en justice, qu'il me l'apporte», a déclaré notre DOA national. Jaloux va ! Dimanche : Parlant de la Kabylie, le volcanique Nordine Aït Hamouda, réélu député, dit espérer un «renouveau dans le microcosme politique local avec un personnel politique crédible, intelligent, cohérent et en adéquation des demandes citoyennes de la région». Une pique pour ses anciens camarades du RCD ! Il se dit «satisfait» des résultats des législatives «car il n'y a pas eu vol des voix qu'on a obtenues», mettant en exergue la «victoire» de listes indépendantes à Tizi Ouzou. Historique, selon Nordine Aït Hamouda. Listes indépendantes qu'on oublie par ailleurs dans d'autres régions du pays, comme au Sud où certains activistes de la société civile ou de jeunes cadres s'y investissent pour casser la logique des «grands» partis, redevenus des notabilités locales au même titre que l'administration ou le sécuritaire. Lundi : Le ministre de la Communication, Hamid Grine, a déclaré à Boumerdès que la couverture des médias des législatives était «excellente». «L'Etat a fait montre d'indulgence à leur sujet au vu de la jeune expérience pluraliste (à peine trente ans) de la presse nationale. La presse nationale a gagné en maturité grâce au projet initié par le président de la République», a-t-il encore dit à la radio locale. Il a également appelé les journalistes à «faire preuve de vigilance en s'assurant de la fiabilité et de la source de l'information avant de la publier à la connaissance du citoyen». Surtout, le ministre a affirmé que l'Etat n'a «jamais» instruit Oreedoo en matière d'octroi de publicité. «J'ai convoqué le premier responsable de cet opérateur en Algérie et je l'ai instruit d'octroyer la publicité à tous les journaux sans exclusive, instruction qui a été bien suivie et aucun titre n'est écarté». Pas besoin de commenter. Tout est dit. Il faut juste constater que la profession de journaliste intègre, non propagandiste et indépendant est en très grand danger ! Mardi : On ne se refait pas : apparatchiks un jour, apparatchiks toujours. Le Bureau politique du parti du FLN «rend hommage aux militants du FLN qui se sont mobilisés derrière leur chef Djamel Ould Abbès». Notez bien le «leur chef» ! Voilà une belle manière de dédouaner Djamel Ould Abbès face au recul du nombre de sièges alloués au parti de la majorité. Les médias avaient relayé, ces derniers jours, des informations sur la bronca de certains membres du comité central contre le parachuté de Zéralda, d'où un vent de panique qui a dû souffler fort du côté du djihaz à Hydra. Mais comment s'en sortira l'homme qui prophétisait que Bouteflika allait bientôt retrouver l'usage de ces jambes ? En y croyant, ou en faisant croire qu'il y croit, comme le font ses proches et amis du BP de l'ex-parti unique. Unique dans tout finalement, même dans l'art de feinter l'histoire et d'ignorer la pyramide des âges. Mercredi : Ouahab Aït Menguellet, P/APC de Tizi Ouzou, annonce sa démission du RCD, et dénonce «les comportements et attitudes inappropriés et déviationnistes à plus d'un titre dont se sont rendus coupables, ces derniers temps, ceux qui étaient censés en être les objecteurs qui interpellent les consciences des militants dont la mienne». «Lorsque le choix de la représentation des citoyens à un Parlement national s'entache de puérilité et d'accommodements, lorsque des connivences et des égoïsmes s'entrelacent et des appétits s'avivent (…) il y a comme un reniement des valeurs originelles de notre rassemblement», déclare-t-il. Au lendemain des législatives du 4 mai, le RCD avait déclaré, tout en dénonçant les irrégularités : «Notre ambition est de porter une voix libre dans l'enceinte d'une assemblée croupion et d'informer en toute transparence nos concitoyens sur les décisions qui engagent leur destin». Bien maigre consolation pour le parti de Mohcine Belabbas. Bon courage. Jeudi : Selon Echorouk, le Premier ministre Abdelmalek Sellal remettra au président un rapport sur ses consultations : passons sur le fait que tout cela n'a aucune assise constitutionnelle, que seul le Président décide in fine selon le texte fondamental. Mais le plus important est de voir que la partie au pouvoir qui tente de faire de la politique reçoit coup sur coup des contre-actions assez édifiantes. Comment proposer une place dans le gouvernement à des partis qui se disent victimes de fraude électorale ? Comment voulez-vous qu'ils se justifient ? Comment penser à un Exécutif «politique» au moment où le pays a besoin d'une équipe sérieuse et technocrate, capable de gérer la grave situation socio-économique ? L'amateurisme en politique peut s'avérer mortel.