Des entreprises publiques seraient sur le point de se retrouver devant un sérieux marasme : leur trésorerie est en difficulté et les subventions implicites de l'Etat propriétaire se raréfient et se rétrécissent comme peau de chagrin. Une situation face à laquelle le gouvernement ne dispose plus que de peu de cordes à son arc pour pouvoir y remédier. Certaines solutions laissées en jachère par le gouvernement devraient imposer leur tempo dans les mois à venir. Ainsi, il est attendu que le dossier des privatisations via la Bourse revienne sur le devant de la scène, que des PPP (Partenariats public-privé), élargis au capital étranger et au financement des banques privées soient le modus operandi en matière d'investissement et que des levées de fonds à l'international soient autorisées au profit de certains groupes publics, à la condition que cet endettement ne mobilise point la garantie souveraine. Les actifs les moins stratégiques voire les moins importants connaîtraient le retour des plans sociaux et feraient grimper d'un cran le coût social de la crise. Le gouvernement n'a plus le choix et ne dispose plus de délais pour enclencher les premiers plans de sauvetage de certains des actifs publics. Plusieurs entreprises sont d'ores et déjà menacées par une insuffisance patente de ressources, faute de facilités de caisse dont elles bénéficiaient durant les années du pétrole cher. La priorité devrait être donnée aux ouvertures de capital dans lesquelles la Bourse jouerait les premiers rôles. Le patron d'une entreprise publique assure que l'Exécutif serait sur le point d'approuver les premières opérations de privatisation par le moyen du marché financier. Elles permettront à certaines entreprises de lever des fonds sur ce marché pour pouvoir se financer, tant il est vrai que l'accès aux ressources devient pour le moins une affaire d'une complexité avérée. Cette option serait néanmoins un pari à risque eu égard à la désaffection des épargnants pour la dernière offre publique de vente lancée par la cimenterie de Aïn Kebira appartenant au groupe étatique GICA. Malgré ce déficit d'intérêt pour les produits boursiers, l'Etat décide, semble-t-il, de faire le pari de proposer une brochette de ses entreprises à une privatisation, dont certaines ont d'ores et déjà finalisé les procédures d'audit. Autre revirement majeur dans la gestion des actifs publics : des groupes appartenant à l'Etat seront autorisés à lever des fonds sur le marché international pour pouvoir couvrir leurs investissements. D'après des indiscrétions, les choix validés par le gouvernement en matière d'endettement privilégient la couverture des projets d'investissements, les banques et institutions multilatérales dans lesquelles le pays est actionnaire, ainsi que des prêts qui ne sont point conditionnés par la garantie souveraine de l'Etat. Telles sont, en somme, les conditions posées aux entreprises publiques préalablement à une négociation d'un financement étranger. En tout cas, l'acheminement vers l'endettement extérieur a été clairement entériné lors de la dernière tripartite qui a regroupé, à Annaba, le gouvernement et ses partenaires sociaux. L'Exécutif avait alors affiché clairement la couleur quant à son orientation vers «un nouveau mode de financement de l'économie, conférant une place importante aux ressources du marché, aux épargnes disponibles et aux financements extérieurs préférentiels». Cette déclaration qui sanctionnait les travaux de ladite réunion préfigurait un retour inévitable à l'endettement dans lequel l'Etat veut être à la manœuvre pour éviter, nous dit-on, un remake des précédentes erreurs qui ont coûté au pays des dizaines de milliards de dollars. Les deux groupes énergétiques, Sonatrach et Sonelgaz, seraient déjà dans les starting-blocks pour les premières levées de fonds à l'international, à en croire Boubacar Sidiki Traore, le représentant à Alger de la Banque africaine de développement (BAD) auprès de laquelle l'Algérie détient à la fois des participations et des dettes de 900 000 millions de dollars. Du reste, l'Etat adopterait une gestion plus décomplexée de ses actifs, n'hésitant pas, si nécessaire, de faire valider des opérations de reprises, de prise de participations, voire des plans sociaux. Cette option est clairement recommandée par les institutions de Brettons Woods, mais le gouvernement veut en faire un choix ultime compte tenu des risques de troubles sociaux qu'elle pourrait générer. Quoi qu'il en soit, des économistes et des managers d'actifs publics s'attendent à des bouleversements majeurs dans la gestion des entreprises publiques ; la crise y est pour beaucoup.