La nouvelle a été annoncée par Aïssa Qaraqaa, président du Comité des prisonniers et des libérés, et Kadoura Fares, président du Club des prisonniers. La grève, qui a duré 40 jours consécutifs, a été suspendue par l'ensemble des grévistes suite à un accord conclu entre la commission de la grève, présidée par le prisonnier Marwan Al Barghouti, membre du comité central du Fatah et député au Conseil législatif palestinien, et les autorités pénitentiaires israéliennes. «Après plus de 20 heures de négociations dans la prison d'Aaskalan, les Israéliens ont accepté de satisfaire les revendications des prisonniers palestiniens», a déclaré M. Qaraqaa à l'agence de presse palestinienne officielle Wafa. «La grève de la dignité», comme la nomme les prisonniers, a été lancée par près de 1500 détenus, dont la grande majorité sont des militants du Fatah. Marwan Al Barghouti fut le principal instigateur et meneur de ce mouvement de grève qui devait permettre aux prisonniers palestiniens de reconquérir leurs droits les plus élémentaires. Des centaines d'autres détenus, appartenant à d'autres factions dont le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), le Hamas et le Djihad islamique, ont par la suite rejoint le mouvement de grève. Au contraire de leurs directions respectives, les prisonniers estampillés Hamas et Fatah se sont montrés solidaires et unis face à leurs bourreaux israéliens, ce qui leur a permis d'imposer leur volonté. La lutte des prisonniers pour leurs droits humanitaires garantis par différentes conventions internationales a été largement soutenue en Palestine occupée. La direction palestinienne, le président Mahmoud Abbas en tête, a aussi évoqué le dossier avec le président américain, Donald Trump, lors de sa récente visite dans la région. Il a soulevé également la question, jeudi, avec Jason Greenblat, l'envoyé spécial du président américain pour la région. Il lui a demandé d'intervenir auprès du gouvernement israélien pour satisfaire les demandes des prisonniers grévistes. Une nouvelle victoire de la population carcérale La diplomatie palestinienne a bougé de son côté auprès de la communauté internationale pour qu'elle exerce des pressions sur Israël. Le peuple palestinien a, de son côté, mis la pression sur l'occupation israélienne en organisant de nombreuses marches dans l'ensemble des territoires occupés. Ces rassemblements et ces manifestations se sont parfois transformés en heurts violents ayant fait 4 morts et des centaines de blessés parmi les citoyens. Des tentes de solidarité avec les grévistes dans lesquelles se retrouvaient des membres des familles de prisonniers, des activistes, des représentants de la presse et des simples citoyens étaient érigées dans toutes les villes palestiniennes. La grève de la dignité a représenté une nouvelle victoire collective des prisonniers palestiniens. Bien que les clauses de l'accord entre les autorités pénitentiaires israéliennes et les grévistes palestiniens n'ont pas été révélées, certaines sources médiatiques affirment que les détenus ont réussi à obtenir deux visites familiales par mois au lieu d'une actuellement. Pour les autres revendications des prisonniers concernant l'amélioration de la prise en charge médicale, l'accès à des téléphones publics, l'accès à la presse ou à des livres, le droit de s'inscrire dans des universités et la fin de la détention administrative, sans inculpation ni jugement par un tribunal, pour des périodes de 4 mois indéfiniment renouvelables, on en saura certainement plus à partir d'aujourd'hui. Une visite des avocats des membres de la commission de la grève de la dignité est prévue. Plus de 6500 Palestiniens, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, croupissent actuellement dans les prisons de l'occupation israélienne. 29 d'entre eux sont détenus bien avant la signature des Accords d'Oslo en 1993 par Israël et l'Organisation de libération de la Palestine. Leur libération est l'une des clefs de la réussite du processus de paix, qui semble revenir au-devant de la scène, particulièrement après la visite du président américain, Donald Trump.