Comme il fallait s'y attendre, l'Algérie a observé une parfaite neutralité dans la crise qui a éclaté entre le Qatar et plusieurs autres pays du Golfe, auxquels s'est jointe l'Egypte. Dans un communiqué publié par l'agence officielle APS hier à 1h, le ministère des Affaires étrangères (MAE) a affirmé que «l'Algérie suit avec une grande préoccupation la dégradation des relations entre certains pays du Golfe et de la région et leurs répercussions sur l'unité et la solidarité du monde arabe». Le département de Abdelkader Messahel a poursuivi en appelant au dialogue entre les différents pays concernés par cette crise. «Tout en appelant l'ensemble des pays concernés à adopter le dialogue comme seul moyen de régler leurs différends et de transcender les divergences qui peuvent naturellement surgir dans les relations entre Etats, l'Algérie appelle à la nécessité d'observer, en toutes circonstances, les principes de bon voisinage, de non-ingérence dans les affaires internes des Etats et de respect de leur souveraineté nationale», est-il ajouté dans le même communiqué. Le MAE a assuré que «l'Algérie reste confiante que les difficultés actuelles ne peuvent être que conjoncturelles et que la sagesse et la retenue finiront par prévaloir tant les véritables défis qui se dressent devant la marche des pays et des peuples arabes vers une solidarité agissante et une unité effective sont nombreux, dont le terrorisme n'est pas des moindres». Le communiqué du MAE est donc clair et précis. L'Algérie ne veut, d'aucune manière, s'impliquer dans ce conflit. Elle refuse de prendre position pour telle ou telle partie pour des raisons évidentes. D'abord, l'Algérie demeure attachée au principe de non-ingérence dans les affaires des Etats. La solution à la crise entre le Qatar d'un côté, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, l'Egypte et le Yémen de l'autre, doit donc émaner des bonnes volontés de ces pays eux-mêmes. Notre pays entretient à l'heure actuelle des relations bonnes et apaisées avec l'ensemble de ces pays. Des relations auxquelles elle tient beaucoup. Des services à la sidérurgie, le Qatar a énormément investi en Algérie ces dernières années. Aussi, l'Algérie coopère beaucoup avec le Qatar en ce qui concerne le marché international du gaz. L'Algérie, qui s'est toujours distinguée sur le plan international par ses positions souveraines, ne prendra donc aucun risque de provoquer une brouille ni avec le Qatar ni avec les autres pays du Golfe et l'Egypte, dont le ministre des Affaires étrangères a été reçu hier par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune. L'Algérie a toujours œuvré pour des relations apaisées avec l'ensemble des pays arabes. Même si cela ne l'a pas empêché de connaître des brouilles avec certains de ces pays. Dans les années 1990 avec le Qatar en raison notamment des positions exprimées d'Al Jazeera, financée par l'émirat, sur le terrorisme. En 2010 avec l'Egypte de Hosni Moubarak à cause d'un match de football. En 2015 avec l'Arabie Saoudite, qui a conduit une coalition militaire pour attaquer le Yémen. Mais le froid avec ces pays n'a pas duré longtemps. Aujourd'hui, l'Algérie se trouve dans une délicate position, en raison de son souci de préserver ses bonnes relations avec les pays en conflit. Si elle s'impose, la neutralité pourrait aussi être mal interprétée comme un appui indirect au Qatar, qui est totalement isolé, dans ce grave conflit qui secoue le Golfe persique. D'ailleurs, l'agence gouvernementale qatarie a fortement médiatisé et mis en valeur le communiqué du ministère des Affaires étrangères.