On se débrouille comme on peut dans les villages, lors des soirées du Ramadhan dans la région de Aïn El Hammam, à 50 kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou. L'attraction principale des villageois reste les cafés maures ouverts spécialement pour la circonstance. Le café du bourg, qui ouvre un mois par an, est incontournable durant le mois de carême. Les habitants s'y rendent dès les dernières bouchées du f'tour avalées. On doit y rencontrer ses amis de chaque soir à la même table pour les mêmes parties de poker qui durent jusque tard dans la nuit. Les accros du loto choisissent d'avance le carton portant 15 chiffres répartis en 3 rangées, qui leur portera chance et attendent patiemment le début du jeu, espérant rentrer avec quelques gains. «Il n' y a que le cafetier qui gagne à ce jeu de hasard qui attire pourtant de nombreux joueurs», disent ceux qui ont été déplumés les années passées. Rares sont ceux qui terminent le mois de Ramadhan avec des gains. Pas de contrôle d'hygiène ou de probité. Les villages sont des territoires exempts de toute inspection de police ou des services des fraudes. Les tables et les bancs de fortune, tout comme la vaisselle, sont loin d'être un exemple de propreté. Ce qui n'empêche pas les clients, peu regardants, de s'attabler pour passer une partie de la nuit à siroter un café ou «un thé maison».