De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Alors que la salle de spectacle de la maison de la culture de Bouira continue à être animée par des chanteurs et artistes originaires de la wilaya, qui tentent d'égayer un peu les soirées des jeûneurs, après le f'tour, avec des variétés qui suscitent surtout le défoulement des jeunes, l'écrasante majorité des citoyens s'efforcent de s'occuper et de se distraire comme ils le peuvent durant la nuit. Toutefois, ces spectacles ont attiré depuis leur lancement des centaines de familles qui préfèrent sortir pour se promener et fuir un peu la chaleur estivale. D'ailleurs, les employés et le service d'ordre mobilisés par la direction de la maison de la culture pour l'organisation technique de ces spectacles ont beaucoup souffert, ces derniers jours, pour permettre au public d'assister aux activités dans le calme, notamment jeudi dernier où l'esplanade de la maison de la culture a été transformée en un véritable champ d'altercations et de jets de pierres entre des jeunes qui résident dans la périphérie de la ville de Bouira. Un responsable du secteur qui a assisté, impuissant, aux scènes de violence a lancé que «la jeunesse de Bouira ne mérite pas de tels spectacles car elle n'a rien à voir avec la culture». Les rixes se sont poursuivies jusqu'à l'intervention des forces de l'ordre pour disperser les belligérants. Cependant en parlant de culture, un animateur a indiqué que la majorité des jeunes sont venus pour se défouler et danser sur les rythmes des différentes musiques, mais que rien ne les pousse à être disciplinés et studieux. Pour un adolescent ou un jeune de 20 ans, un spectacle n'a rien à voir avec la culture. Au niveau des autres quartiers populaires de la ville et notamment dans les villages, les jeunes qui ne peuvent pas se permettre un déplacement de nuit vers le chef-lieu préfèrent se ruer vers les cafés maures et les espaces de jeux ouverts pour la circonstance. Là, l'ambiance ramadhanesque est au rhytme des tables bondées de jeunes et d'adultes plongés dans leur jeu préféré : loto, poker et dominos sont les hobbies favoris de ces citoyens désemparés. Pour certains, c'est devenu presque une culture et une habitude durant le mois sacré. Les passionnés de dominos n'hésitent pas à s'engouffrer dans les rares cafés qui daignent encore les accueillir. Et, de leur côté, les propriétaires des lieux sont aux anges, la nuit est des plus rentables, du fait que tous les amuse-gueules et boissons préparés avant le f'tour sont consommés par les joueurs. Ces derniers se disent satisfaits de leur veillée et de ces moments de détente, animés par des causettes autour d'un verre de thé, d'une boisson fraîche ou d'une tasse de café. Certains prolongent ces «layali d'oumin», jusqu'à une heure tardive. C'est ce qui est fait également par une catégorie de jeunes, les accros des nouvelles technologies, qui, eux aussi, ont trouvé la parade pour vaincre l'ennui et se distraire, en surfant sur Internet à la découvertes d'horizons de rêve ou de jeux distrayants.