Que serait notre musique sans les voix féminines ? Elle serait probablement grandement diminuée. En effet, les femmes ont de tout temps porté ce patrimoine culturel immatériel, le faisant vivre dans le cadre des fêtes familiales et, plus tard, sur la scène et à travers les enregistrements. Au pays de Fadela Dziria, Hnifa et Cheikha Rimiti, il était bien normal de consacrer au moins une semaine de soirées de Ramadhan à la gent féminine. C'est ce que propose la salle El Mougar (Alger) à partir d'aujourd'hui et jusqu'à samedi 17 juin. Chaque soir, quelques unes des plus belles voix d'Algérie viendront se produire sur scène dans les différents styles musicaux qui font la richesse de notre culture. Le programme commence en beauté avec l'inimitable Beihdja Rahal. Formée à Alger au sein d'El Fakhardjia, Rahal mène une brillante carrière dédiée et presque entièrement dévouée à la nouba arabo-andalouse. Installée en France depuis le début des années 90, elle a enregistré un nombre impressionnant d'albums (plus de 25 !) dédiés aux différents modes de la nouba arabo-andalouse. Le dernier en date est une Nouba mejdz ghrib zidane. Le public pourra la découvrir sur scène avec, comme à l'accoutumée, un petit ensemble instrumentale, qui laisse toute la place à l'expression vocale et à la virtuosité de chaque instrumentiste. Le lendemain, une autre soirée sera consacrée à la musique arabo andalouse avec trois voix d'or. Myriam Sultan représentera le répertoire malouf de sa Constantine natale, tandis que Lamia Maadini et Dalila Mekadder s'exprimeront dans le genre sanaa d'Alger, mais aussi le hawzi et le aroubi. Le lundi 12, ambiance festive et hawzi avec Rym Hakiki et Amina Zohir. Le mardi 13 cap au sud avec le groupe féminin Lemma Bechariya réuni par Souad Asla et la reine du tindi, Badi Lalla. Le mercredi 14, retour au style algérois avec Dalila Naïm et Hassiba Abderraouf. Le lendemain, on pourra écouter Nassima Chaâbane, qui a porté la musique arabo-adalouse jusqu'au au Queen Elisabeth Hall. Elle est une des figures les plus créatives du genre, avec des expériences innovantes et une recherche sur les textes et la musique. Vendredi 16, la jeune Lamia Aït Amara, qui vient de sortir son premier album consacré à diverses variétés de musique arabo-andalouse, partagera la scène avec Naïma Dziriya, une des voix les plus prisées du genre algérois. Samedi, le final sera tlemcénien, avec deux jeunes interprètes qui ont déjà conquis les cœurs des amateurs du genre gharnati (style tlemcénien dans l'interprétation de la nouba arabo-andalouse) : Lila Borsali, qui se produit régulièrement et arrive à toucher un large public, et Nesrine Ghenim, dont la voix mélodieuse et cristalline ne laissera personne indifférent. De différentes générations et dans différents styles, ces femmes sont les gardiennes de notre patrimoine musical qu'elles perpétuent en l'interprétant et en le renouvelant.