Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, se présentera le 20 juin à l'Assemblée populaire nationale (APN) avec un maigre document, où il exposera son programme. Ou plutôt son plan d'action selon le programme du président de la République. Maigre en termes de données chiffrées sur pratiquement tous les domaines d'activité et surtout en termes de moyens humains et matériels à mettre en œuvre pour faire sortir l'économie du pays de sa léthargie. Dépendant financièrement à 99,99% des exportations d'hydrocarbures, l'Algérie est frappée de plein fouet par une baisse importante des prix du pétrole qui, malheureusement, tend à perdurer. Face à cette réduction drastique des ressources financières, M. Tebboune envisage des solutions qui seront certainement mal accueillies par les députés et l'opinion publique nationale, notamment sur le plan fiscal. Comme par exemple le relèvement du taux de l'Impôt sur le revenu global (IRG) ainsi que certaines taxes fiscales qui peuvent être pénalisantes pour les entreprises économiques, tout comme la suppression de certaines exonérations fiscales qui avaient permis par le passé la création de plusieurs milliers de PME et PMI, notamment au niveau des collectivités locales. Abdelmadjid Tebboune est carrément à la recherche de «niches» fiscales qui pourraient générer d'importantes ressources financières. Par ailleurs, les objectifs consignés dans le document ne sont soutenus par aucune analyse ou argumentation se basant sur des chiffres et des situations souvent particulières. On a l'impression que ce sont de simples «vœux pieux» enrobés dans une langue de bois digne des années de plomb. Le Premier ministre envisage également beaucoup de réformes. Notamment celles des banques, des douanes, de la justice, de l'éducation nationale, des collectivités locales et d'une manière plus globale de l'économie nationale. Une tâche titanesque pour les frêles épaules de Tebboune qui, bien entendu, ne dispose pas des moyens de son ambition… Ni probablement du temps nécessaire pour leur exécution. D'aucuns parmi certaines personnalités politiques affirment que le gouvernement Tebboune ne tiendra pas plus d'une année et n'aura même pas le privilège de préparer l'élection présidentielle de 2019. D'emblée, la mission de Abdelmadjid Tebboune à la tête de l'Exécutif paraît périlleuse compte tenu de la situation financière désastreuse du pays. Le Premier ministre est probablement animé de bonnes intentions pour redresser la barre, mais il sera attendu de pied ferme sur les mesures impopulaires qu'il envisage de prendre, ainsi que sur cette ambition affichée d'exploiter le pétrole et le gaz de schiste, malgré une farouche opposition des citoyens résidant dans le sud du pays. Les débats risquent d'être chauds à l'hémicycle de l'APN.