La Fédération algérienne de boxe (FAB) n'a pas fini de manger son pain noir. L'affaire de la suspension, à titre provisoire par le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), du président élu Nahassia Mohamed Madjid a pris d'autres proportions. Elle est sur le bureau de la Fédération internationale de boxe (AIBA) qui peut, d'un jour à l'autre, prononcer la suspension de la FAB. Les résultats obtenus par les pugilistes algériens au Championnat d'Afrique au CongoBrazzaville ne sont qu'une parenthèse dans le mauvais feuilleton de la fédération. Celle-ci s'est distinguée dernièrement par la transmission de deux mises au point au journal El Watan datées du même jour (15 juin 2017), avec un contenu qui n'était pas le même et surtout par un fait inhabituel : c'est-à-dire la publication d'une des deux mises au point sur la page facebook du MJS quelques minutes seulement après un dépôt au niveau du journal le 21 juin 2017. Le lendemain, la mise au point a été publiée intégralement. Cette dernière appelle de notre part quelques remarques et précisions. La suspension du président Nahassia est illégale, injuste et infondée sur le plan réglementaire et statutaire. Elle a été prononcée par le MJS, partie prenante dans ce dossier, sur la base d'un article retiré de la loi. Celui qui précisait que les deux tiers du bureau fédéral pouvaient destituer le président. Le décret exécutif 14-330 du 27 novembre 2014, fixant les modalités d'organisation et de fonctionnement des fédérations sportives nationales, donne à la seule assemblée générale de la fédération le pouvoir d'écarter le président pour un motif valable. Donc, la suspension du président Nahassia est une flagrante et grave transgression du décret 14-330 par le MJS et la FAB. L'AIBA n'aura aucune hésitation à prononcer la suspension de la FAB. C'est peut-être la décision que recherchent toutes les parties impliquées dans cette affaire. Parmi les autres griefs retenus contre Nahassia par la FAB, il y a le mandatement qu'a établi le président Nahassia au profit de l'ex-président de la fédération, Nabil Sadi, pour représenter la FAB à l'assemblée générale élective du COA. Les détracteurs de Nahassia ont vivement contesté cet acte au motif qu'il viole l'article 7 des statuts du COA, alors qu'en réalité il est en parfaite harmonie avec cet article et celui du règlement intérieur du COA (article 39) qui précise : «Le président de la fédération peut mandater un membre de l'exécutif ou de l'assemblée générale.» La décision de mandater Sadi est en phase avec l'article cité.
Cumul de fonctions Il est aussi reproché à Nahassia, dans les deux communiqués déposés à El Watan le même jour mais avec un contenu différent, d'abord «d'avoir attribué la qualité de membre d'honneur de la fédération à Sadi pour représenter l'Algérie au sein des instances internationales, en infraction de l'article 57 des statuts de la FAB. Cet acte représente un faux et usage de faux» et ensuite «d'avoir attribué le titre de président d'honneur». A priori, les rédacteurs des deux communiqués n'ont pas accordé leurs violons. Ces «dirigeants» ignorent-ils que Nabil Sadi était à l'exécutif de l'AIBA en novembre 2014, avec le titre de président de la FAB, et que son mandat à l'AIBA ne s'achèvera qu'en novembre 2018. Le document que Nahassia a transmis à l'AIBA le 4 avril 2017 est une réponse à la correspondance de l'instance internationale. En fait, les deux mises au point sont un tissu de mensonges. Plus grave encore. Trois membres du bureau fédéral actuel n'ont pas le droit de faire partie de cet organe en vertu des articles 3, 6 et 7 du décret exécutif 14-330 du 27 novembre 2014, qui traite de l'interdiction de cumul, superbement ignorés par ceux qui veulent imposer leur diktat coûte que coûte au mépris de la loi et des règlements. Les personnes concernées sont le président par intérim de la fédération, Draa Abdessalam, conseiller de sport et inspecteur à la DJS de Constantine, Ouhib Mourad, inspecteur à la DJS de Sétif, et Halim Karma, directeur méthodologique à la ligue de Chlef. Il y a un cas flagrant de cumul concernant ces trois membres du bureau fédéral. Pourquoi les articles cités du décret n'ont pas été appliqués ? Le MJS n'est-il pas au courant de cette transgression ou la couvre-t-il ? Dans les deux cas c'est grave. Va-t-il enfin réagir ? L'avenir nous le dira.