« Les fonçages illicites de puits, sans respect des normes, sont d'une grande menace sur la nappe phréatique », tel est le verdict sans appel d'un agriculteur, membre de l'association des agriculteurs au niveau de la daïra de Aïn El Türck. Des puisatiers proposent leurs services par le biais d'un numéro de portable inscrit sur le pan d'un mur. D'autres font carrément du porte à porte ! En effet, depuis quelques mois, et après une légère accalmie, on enregistre un regain pour le fonçage illicite de puits dans la daïra de Aïn El Türck. Pire encore, le phénomène à tendance à se vulgariser et ce, sous le nez et la barbe des services de contrôle de l'Etat. Les services de la DSA font de leur mieux pour maîtriser la situation en traquant les contrevenants. Sauf que leurs actions se limitent aux seuls fellahs et agriculteurs. Qu'en est-il des particuliers, nombreux en ce moment, qui sollicitent les services de ces puisatiers ? Il suffit de sillonner les artères de la ville de Aïn El Türck pour voir, inscrits en long et en large, sur des façades d‘institutions (à l'exemple de l'enceinte de l'hôpital civil de Aïn El Türck) ou de bâtisses privées, des numéros de portables à côté desquels est écrit « fonçage de puits » en langue nationale. D'autres puisatiers font tout simplement du porte à porte. Munis d'un rameau d'olivier, « les prestataires » louent les vertus de leur technique et, pour le fonçage, l'opération s'effectue à l'aide d'une sonde, une technique chère aux Syriens. « La pratique est fortement réprimée par la loi et ne peut être autorisée que par des services spécialisés », dira un responsable de l'agriculture. Et d'ajouter : « pour toute opération de fonçage, des normes strictes doivent être observées, dont la distance obligatoire entre un puits et un autre. Le non respect de cette norme a pour conséquence la disparition de la nappe phréatique ». Or, d'après ce qu'il nous a été donné de comprendre, dans beaucoup de cas, les normes les plus élémentaires ne sont pas respectées. Il est difficile de donner des statistiques sur le nombre d'infractions commises, d'autant plus que les opérations s'effectuent à l'abri des regards ou dans des domiciles. Citant le cas d'une ferme, un responsable expliquera qu'une caméra de surveillance est placée par le propriétaire, « c'est eux qui nous contrôlent, pas nous », ironisera-t-il. Pour le membre de l'association des agriculteurs, « cette région, autrefois si riche en ressources hydriques, d'où son appellation, encourt le risque de voir disparaître les importantes nappes phréatiques qu'elle recèle en son sous-sol. L'Etat doit sévir contre les puisatiers illicites car le dommage est grave pour le devenir de l'agriculture dans la région mais également pour la préservation des ressources en eau potable ».