Prévue dimanche dernier, puis reportée à lundi, la comparution de l'avocat Mohcene Amara, devant le tribunal de Bir Mourad Rais, a finalement eu lieu hier, avant d'être renvoyée devant le juge d'instruction. Le procureur a requis le mandat de dépôt, alors que son avocat a plaidé la liberté provisoire. Jusqu'en fin de journée, le juge n'avait toujours pas pris de décision. Enregistrée à l'aide d'un téléphone mobile, l'arrestation du sulfureux avocat Mohcene Amara a fait, dimanche dernier un buz sur les réseaux sociaux. Entouré par deux agents en civil qui avaient du mal à le maîtriser, Amara avait été embarqué de force dans un véhicule banalisé, qui l'attendait devant son domicile, en milieu de journée. Il devait répondre de l'inculpation d'«outrage à magistrat», avant qu'une plainte émanant du barreau d'Alger, ne vienne se greffer au dossier. Tout a commencé jeudi dernier, à l'une des audiences du tribunal de Bir Mourad Rais, lorsqu'un membre du barreau d'Alger a saisi la présidente pour lui demander «de faire sortir Amara de la salle, puisqu'il a fait l'objet d'une radiation». Amara se met en colère et répond avec virulence à la juge, qui demande au greffier de prendre acte des propos du mis en cause. Deux jours après son interpellation, le conseil intervient dans l'affaire en déposant une plainte contre lui. Hier, Amara a été présenté devant le tribunal pour quatre chefs d'inculpation, «outrage à magistrat», «coups et blessures volontaires sur des agents dans l'exercice de leurs fonctions», et «usurpation de la qualité d'avocat». Contacté son avocat, Me Yahia Cherif, déclare : «Amara a été arrêté vendredi dernier et placé en garde à vue. Dimanche 2 juillet, il a été présenté au procureur près le tribunal de Saïd Hamdine, à Bir Mourad Rais, où cinq avocats avaient été délégués par le bâtonnier d'Alger, pour se constituer partie civile dans le dossier. J'ai appris par le procureur que ce dernier avait déposé plainte, par fax, dans la soirée du 29 juin dernier contre Amara. La présence de ces avocats n'était ni déontologique ni dans l'intérêt de la profession d'avocat, car s'il s'agit d'une affaire disciplinaire elle se traite au conseil de l'Ordre et s'il s'agit d'une affaire pénale, son traitement ne se fait pas de cette manière. J'ai donc appris par le procureur qu'Amara était poursuivi pour outrage à magistrat, exercice illégal de la profession d'avocat, étant donné qu'il était radié du barreau avant qu'il ne poursuive son interrogatoire en ma présence et celle des autres, ce qui est contraire au secret de l'instruction et à la bonne administration de la justice au nom du principe de la présomption d'innocence». L'avocat s'interroge sur ce qu'il qualifie «d'acharnement judiciaire» et de «règlement de comptes» contre son mandant avant d'espérer une fin rapide de «ce harcèlement». En fin de journée, Mohcene Amara a été déféré devant le juge d'instruction, alors que le procureur avait requis le mandat de dépôt. Son avocat a plaidé la liberté provisoire, mais la décision du jour était toujours en attente.