C'est désormais la ville qui alimente les zones rurales en divers produits agricoles. Il est loin le temps où la campagne était le vivier intarissable des fruits et légumes. Abandonnée à un mode de vie qui n'a plus rien à voir avec sa vocation, cette campagne ne compte plus que sur ce que lui rapporte la ville. Pour se nourrir, le commun des habitants des localités rurales n'a plus qu'à se rabattre sur la ville, donnant l'air d'avoir perdu le réflexe, pourtant inné dans les habitudes de ses aïeux, de cultiver son jardin. Dans les campagnes, furent-elles les plus éloignées, cette culture ancestrale n'a plus cours dans les mœurs locales. Et pourtant, il fut un temps où chacun à la campagne avait devant sa maison, son carré de légumes soigneusement cultivé pour les besoins de la consommation familiale. Quand un surplus est récolté, c'est en ville qu'il est vendu. Plus le cas de nos jours, lorsqu'il n'y a plus que les marchés de la ville pour s'approvisionner en produits que la campagne produisait jadis. Du lait au petit lait, en passant par le beurre, les œufs et les fruits et légumes, tout est acheté en ville. Dans les bus de transport, on ne s'offusque plus de s'encombrer avec des sacs en plastique remplis d'oignons, de pommes de terre, de tomates, de carottes et de bien d'autres légumes, qu'on transporte à la campagne, là où les jardins fournissant ces produits ont disparu. A Belghimouze, vivier agricole d'une certaine époque, la culture paysanne a disparu. Ici, tout le monde s'est laissé abandonner à une vie qui n'a plus rien à voir avec le labeur de la terre. Dans les autres contrées rurales, on ne prend plus la peine de créer son propre jardin potager. Parce que c'est en ville ou chez le marchand des fruits et légumes du village qu'on s'offre tout ce dont on a besoin. Plus besoin d'ailleurs de créer, comme on le faisait jadis avec un peu de volonté, ce jardin généreux, qui fournissait, à longueur d'année, les légumes de saison.