Des cœurs ont battu avant-hier dans la ville de Béjaïa pour l'écrivaine Dihya Louiz, qui nous a quittés le 29 juin dernier. On s'est rassemblés sur la place Saïd Mekbel entre amis, collègues, lecteurs et admiratifs de la défunte «pour lui dire au revoir» et partager la douleur et la conviction communes que sa mort «est une perte pour la Kabylie, pour l'Algérie». L'affliction de sa disparition précoce laisse encore chez certains de ceux qui l'ont connue et aimée comme un regret de n'avoir pas été à ses côtés dans ses derniers moments. «Nous sommes ici pour faire le deuil de sa mort», déclare, d'une voix émue, Mira Mokhenache, enseignante, collègue de la défunte à l'université de Béjaïa, qui a invité, via Facebook, à ce premier moment de recueillement. On n'est pas venus nombreux, mais assez pour que l'émotion submerge la placette et se transmette par un long moment d'un silence de peine succédant au premier témoignage qui encense «une femme de culture». Dihya Louiz était la beauté : beaux cheveux, beau regard, belle plume, bel esprit… une belle âme comme ces petites bougies qu'a allumées pour elle une fillette. L'œuvre littéraire, même si elle n'est pas abondante, qu'elle laisse derrière elle est «un héritage qui nous appartient», a dit Aziz Tari, militant de la cause berbère. Est-il possible de ne pas pleurer Dihya Louiz, comme elle le souhaitait dans un poème en kabyle, Tajmilt, qu'on a lu à l'occasion ? Après des gorges nouées par l'émotion, des larmes ont bien coulé, inévitables, sur la place Saïd Mekbel. Hakima Sbaïhi, enseignante à l'université de Béjaïa, a pleuré celle que «seule la beauté a aidée à aller loin». Dihya Louiz maîtrisait trois langues, mais la «langue qu'elle maîtrise le plus c'est celle de l'amour et de la modestie», dit l'enseignante. La défunte, lauréate du prix Mohammed Dib pour son roman en kabyle Yer igenni d tmurt (Entre ciel et terre), était convaincue, témoigne son frère, qu'il faut lire la langue amazighe pour permettre son émancipation. «Je sais qu'aujourd'hui elle est contente que vous soyez là pour elle», ajoute-t-il.