Les pouvoirs publics ont fait montre de lourdes défaillances dans la prise en charge des immigrants clandestins. L'Etat doit assumer ses responsabilités dans ce sens.» C'est le constat établi par des responsables de partis politiques et personnalités nationales. Ces entités interpellent les pouvoirs publics pour remédier à cette situation afin d'éviter toute polémique ou position ambiguë. Lors de son intervention à l'assemblée nationale populaire à l'occasion de la présentation du plan d'actions du gouvernement, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a promis de se pencher sérieusement sur la question des migrants des pays subsahariens. Hier encore, Abdelkader Messahel avait affirmé que le gouvernement prendra des mesures pour faire face au flux de migrants clandestins. Mais pour l'heure, aucune action concrète n'a été entreprise sur le terrain pour la prise en charge de ces personnes. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) s'inquiète et ne croit pas à l'effet d'annonce. «Nous sommes toujours au stade des discours. D'ailleurs, nous ne croyons pas à l'effet d'annonce et la preuve et que jusqu'à aujourd'hui il n'y a eu aucune action concrète», dénonce M. Aïssaiouen, responsable de communication au RCD. Il explique qu'hier, un incident a été évité de peu à Tizi Ouzou. Dans cette ville et à proximité de la gare, un camp de migrants a été érigé de manière anarchique. Plus de 300 immigrants clandestins y trouvent refuge. Cet espace constitue, selon le RCD, un problème d'insalubrité publique et un foyer de maladies. Cette situation insoutenable a fait réagir les habitants de Tizi Ouzou. Une délégation composée de sages de la région, des comités de village et de l'ancien sénateur Mohand Ikherban a demandé hier audience au wali de Tizi ouzou pour lui faire part des inquiétudes de la population et pour trouver une solution à ces migrants livrés à eux-mêmes. Des migrants livrés à eux-mêmes Malheureusement, le wali a refusé de recevoir la délégation, alors que c'était un jour de réception. «Le wali de Tizi ouzou représente le pouvoir central, et son comportement nous renseigne sur la détermination des autorités à pousser la situation au pourrissement. Qu'ils soient subsahariens ou syriens, l'Etat doit prendre en charge ces migrants qui sont dans une situation irrégulière», note le représentant du RCD. De son côté, le FFS partage le même souci que le RCD et demande aux autorités d'agir et de prendre en charge ces migrants, que ce soit sur le plan humanitaire ou sécuritaire. «Il y a une défaillance dans la prise en charge de ces migrants. L'absence d'une prise en charge sérieuse a donné lieu à de multiples réactions. Nous sommes sensibles à la souffrance et au désespoir de ces personnes, d'où la nécessité de déterminer leur statut afin qu'il n'y ait aucun doute sur ce dossier», indique M. Ferli, chargé de communication au sein de ce parti. Le FFS invite l'Etat à adopter une position qui ne doit comporter aucune équivoque et à parler d'une voix unie. Le Parti des travailleurs (PT) pense que pour éviter tout type de dérapage, l'Etat doit assurer l'accueil des migrants des pays subsahariens, leur assurer un hébergement décent, la scolarisation de leurs enfants et un permis de travail pour ceux qui le souhaitent. «Des migrants sont exploités dans le Sud et même ici a Alger, notamment dans des chantiers, sans aucune couverture sociale ni juridique. La xénophobie est un crime et non un point de vue, tout comme le racisme. La solidarité agissante entre les peuples n'est pas conjoncturelle ou à géométrie variable», s'insurge Taazibt, cadre de ce parti. Il a rappelé que ces migrants ont fui les guerres, vivent un drame d'une violence inouïe et sont des victimes de situations précises (guerre, famine, sécheresse, absence d'horizon). La prise en charge sérieuse de ces migrants est revendiquée par plusieurs partis, notamment Jil Jadid qui demande au pouvoir d'assumer ses engagements en assurant la sécurité des migrants clandestins. Par ailleurs, le parti dirigé par Djamel Ould Abbès pense que l'Algérie comme tout autre pays se doit de réglementer l'immigration, quelle qu'en soit l'origine. «L'Algérie est réputée pour être un pays d'accueil et de tolérance. N'oublions pas aussi que pendant la Révolution, des pays ont offert l'asile aux Algériens menacés par la violence et la persécution ; mais pour la sécurité, elle est dans l'obligation de prendre des mesures appropriées.»