L'ONU, elle-même, a octroyé une aide d'urgence au Yémen, mais il reste toujours un besoin de financement de 100 millions de dollars à combler pour une aide médicale immédiate. En plus des ravages causés par la maladie, la guerre dans ce pays a fait plus de 8000 morts, majoritairement des civils, et plus de 44 500 blessés. L'Onu a lancé, hier à Genève, un appel à l'aide internationale pour lutter contre l'épidémie de choléra qui sévit au Yémen, pays ravagé par la guerre civile. Plus de 313 000 cas suspects et 1732 décès ont été enregistrés depuis le début de l'épidémie, en avril, a déclaré le coordinateur de l'aide humanitaire de l'ONU au Yémen, Jamie McGoldrick. Les agences de l'ONU, largement sollicitées, font de leur mieux pour stopper l'épidémie, en puisant des ressources dans les programmes alimentaires, a-t-il déclaré à la presse. «Nous sommes à court de financement, en train de déshabiller Pierre pour habiller Paul», a-t-il dit lors d'une conférence de presse téléphonique, stigmatisant le cercle vicieux d'une population affaiblie par la faim, qui tombe ensuite malade du choléra. L'effondrement des infrastructures médicales du Yémen, après plus de deux ans de guerre entre le gouvernement soutenu par l'Arabie Saoudite et les opposants houthis alliés à l'ancien président sunnite Abdallah Saleh qui contrôlent la capitale Sanaa, a abouti à l'apparition du choléra, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). M. McGoldrick a reconnu que l'ONU avait sous-estimé la virulence de cette épidémie, et confirmé qu'un programme de vaccination avait été interrompu alors que la maladie s'était déjà bien propagée. Il a aussi demandé aux pays qui ont fait des promesses de dons de «mettre à présent de l'argent sur la table». L'ONU, elle-même, a octroyé une aide d'urgence au Yémen, mais il reste toujours un besoin de financement de 100 millions de dollars à combler pour une aide médicale immédiate. Guerre et famine M. McGoldrick a aussi demandé plus de flexibilité dans la manière de dépenser les fonds, en permettant ainsi à l'ONU de payer les salaires du personnel sanitaire yéménite, dont une bonne partie n'a pas été rétribuée depuis des mois. «Le choléra est la crise d'aujourd'hui, la famine est celle de demain», a-t-il ajouté, estimant que quelque 500 000 Yéménites pourraient y être confrontés dans un futur proche, si rien n'est entrepris. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM), deux tiers des 17 millions de Yéménites ne savent pas de quoi sera fait leur prochain repas. En plus des ravages causés par la maladie, il y a lieu de rappeler que la guerre dans ce pays a fait plus de 8000 morts, majoritairement des civils, et plus de 44 500 blessés depuis l'intervention, en mars 2015, d'une coalition arabe sous commandement saoudien pour soutenir les forces pro-Hadi. Cette coalition est soutenue par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France. A Londres, des ONG de défense des droits de l'homme ont intenté une action en justice contre l'Etat britannique pour stopper ne serait-ce que la vente d'armes à l'Arabie Saoudite qui bombarde indistinctement les opposants houtis et les civils. Mais cette action en justice n'a pas abouti. Amnesty déçue par la justice britannique Dans un communiqué rendu public lundi, l'ONG Amnesty International a indiqué que la décision d'une cour de justice britannique selon laquelle le gouvernement est habilité à continuer d'autoriser des ventes d'armes à l'Arabie Saoudite est un revers potentiellement mortel pour les civils yéménites. La Haute Cour de Londres a rejeté, en effet, le recours juridique formé par l'ONG Campagne contre le commerce des armes (CAAT), qui avançait que ces transferts d'armes devraient être interdits en raison du risque avéré qu'elles ne servent qu'à commettre de graves violations du droit international humanitaire dans le cadre du conflit armé au Yémen. «Cet arrêt est profondément décevant, car il donne le feu vert aux autorités britanniques – et potentiellement aux autres fournisseurs d'armes de l'Arabie Saoudite – pour continuer à autoriser les transferts d'armes vers ce pays, en dépit du risque évident qu'elles ne servent qu'à commettre des atteintes aux droits humains», a déclaré James Lynch, responsable du programme contrôle des armes et droits humains à Amnesty International.