Malgré l'intensification de la lutte antiacridienne dans les pays du Sahel, la situation ne cesse de se détériorer à cause de l'insuffisance grave en quantité de pesticides disponibles et du nombre dérisoire d'aéronefs mobilisés pour les opérations de pulvérisation aérienne. C'est le cri d'alarme, que lancent, une fois de plus, les responsables de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Les acridologues du Centre d'intervention antiacridien d'urgence ont constaté le déplacement, la semaine dernière, de nombreux essaims (dont certains ont atteint 70 km de longueur) de criquets pèlerins vers le nord-ouest de la Mauritanie et vers l'extrême sud du Sahara-Occidental. Le dilemme des responsables de la FAO consiste à trouver en même temps des fonds pour mener efficacement la lutte antiacridienne et freiner l'invasion dans d'autres régions, mais aussi pour aider, de manière urgente, les pays touchés à protéger leurs récoltes et les pâturages menacés. L'agence onusienne poursuit son assistance, notamment par l'envoi d'experts dans de nombreux pays touchés. L'aide internationale a permis, grâce à deux aéronefs prêtés par les Français et un autre fourni par le Programme mondiale de l'alimentation (PAM) et financé par l'Italie, de transporter 119 000 litres de pesticides de l'Algérie et du Maroc vers la Mauritanie en trois jours. La bonne nouvelle dans ce sombre tableau, c'est que la Fao dispose actuellement de 14,7 millions de dollars américains, auxquels s'ajoutent 12 millions de promesses de dons de pays membres. L'autre bonne nouvelle est celle qui annonce l'expérimentation ce mois-ci en Mauritanie de deux produits biologiques élaborés par un laboratoire pharmaceutique de la FAO pour l'éradication du criquet pèlerin. Les pesticides actuellement utilisés constituent un risque certain pour l'environnement et les personnes qui les manipulent sans protection. Enfin, les pays donateurs cités par la FAO sont, par ordre d'importance, le Canada, les Usa, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Norvège, la France et l'Italie. Les pays arabes producteurs de pétrole (à l'exception de l'Arabie Saoudite qui a offert 3 millions de dollars) restent désespérément inscrits aux abonnés absents, alors qu'ils démontrent une générosité inédite pour acquérir d'anciens footballeurs, dont l'étoile s'est ternie depuis longtemps.