Les pays concernés doivent aller vers une autre configuration de cette lutte. Une nouvelle race de criquets pèlerins risque d'envahir les pays de l'Afrique du nord en septembre prochain. Les pays du Sahel qui viennent de tirer la sonnette d'alarme estiment que cette invasion se produirait selon les changements climatiques favorables au déplacement des criquets en Afrique. Exhortant les bailleurs de fonds à octroyer un soutien accru aux opérations de lutte antiacridienne qui ont pris une ampleur inégalée, la FAO indique que malgré le retour à la normale en Algérie, en Libye, au Maroc et en Tunisie, la menace persiste encore avec d'énormes essaims de criquets pèlerins sur les pays d'Afrique de l'Ouest. Au cours des dernières semaines, des essaims gigantesques en provenance du nord-ouest avaient envahi la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et le Niger, interrompant la saison des semailles estivales. Peu après, les essaims envahiraient de nouveau le nord et le nord-ouest de l'Afrique, à moins que les conditions dans le Sahel demeurent inhabituellement favorables à la reproduction acridienne et, par voie de conséquence, on y assisterait à l'apparition d'une nouvelle génération de criquets pèlerins. “On ne s'attend pas à ce que les essaims se déplacent plus au sud en Afrique de l'Ouest avant octobre prochain. Les reproductions attendues au cours des prochaines semaines entraîneraient la formation, à partir de la mi-septembre, de nouveaux essaims qui menaceraient les cultures prêtes à être récoltées à ce moment-là.” Actuellement, plusieurs pays touchés par ce fléau ne disposent pas de ressources suffisantes — aéronefs, véhicules, pesticides, pulvérisateurs, etc. —, pour neutraliser les essaims de criquets pèlerins qui menacent à présent les cultures estivales. La mise en garde de la FAO est sans appel : “le soutien des bailleurs de fonds est requis de toute urgence pour les opérations ciblées au sol et la pulvérisation aérienne, ainsi que pour les études d'impact sur l'environnement.” Dans le cadre de la lutte contre le criquet pèlerin, plus de 1,7 million d'hectares ont été traités en juillet dans le nord-ouest de l'Afrique, ce qui porte à quelque 6,5 millions d'hectares le total de la superficie traitée dans les pays affectés depuis octobre 2003 à fin juillet 2004. Les quelques 9 millions de dollars octroyés par la FAO et les bailleurs de fonds n'auront finalement pas suffi à repousser la menace, voire éradiquer à terme cet insecte dévastateur. Dix millions de dollars supplémentaires ont été promis mais, cela demeure insuffisant pour aller au bout de la lutte, notamment en prévision de la fin de la saison de reproduction estivale du criquet, en octobre prochain. Au cours de la récente réunion ministérielle d'Alger à laquelle neuf pays d'Afrique de l'Ouest avaient participé, deux scénarios — aux coûts respectifs de 58 millions et de 83 millions de dollars —, avaient été formulés en fonction du niveau de détérioration de la situation. La saison estivale sera décisive pour déterminer l'évolution de la recrudescence acridienne et la menace acridienne continue de faire des ravages. Récemment, d'importantes éclosions massives ont apparu dans certains pays d'Afrique. Dans les prochains jours, des essaims grandioses feront leur apparition en Afrique de l'Ouest. F. B.