Les dernières déclarations de Amar Tou, à propos de la non-fiabilité des médicaments importés et fabriqués localement, ont suscité le courroux des opérateurs en pharmacie. L'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop) trouve incompréhensibles les propos du premier responsable du secteur de la santé. Les membres de l'Unop s'interrogent sur les motivations qui ont poussé le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à faire de telles déclarations « graves ». Sur quelles bases scientifiques Amar Tou s'est-il appuyé pour avancer de tels propos ? L'Unop estime que la prévalence des cas de pharmacovigilance n'est pas plus élevé que les autres pays. « Quelles sont les motivations de telles affirmations infondées, de surcroît devant une assistance internationale, qui n'ont pour seul résultat que de discréditer les compétences nationales ? Ce genre de déclarations inquiétantes pour le patient algérien est un coup dur porté à la politique du générique prônée par le président de la République et va à l'encontre du tarif de référence mis en place par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale. » Pour les opérateurs en pharmacie, ces « attaques » contre la production algérienne devant une assistance internationale « annihilent » les tentatives d'exportation de nos entreprises. Pour mieux souligner l'incohérence vis-à-vis de ces déclarations, l'Unop rappelle que l'Etat a mis en place, depuis dix ans, des dispositions réglementaires garantissant la qualité de tout produit consommé par le patient algérien. « La première règle étant que tout médicament enregistré (importé ou fabriqué) doit être commercialisé dans le pays d'origine, et subit toutes les expertises cliniques et galéniques par des experts nommés par le ministre de la Santé », précise l'association des opérateurs. Par ailleurs, le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP), ajoute-t-on, effectue des analyses poussées conformes aux différentes pharmacopées des produits finis et des matières premières. « Nous signalons l'existence d'un centre de pharmacovigilance sous la tutelle du ministère de la Santé chargé de signaler toute anomalie qualitative des produits pharmaceutiques », indique l'Unop. Elle rappelle que le LNCPP est membre de la pharmacopée européenne et dispose d'une qualification de l'OMS. Il est aussi accrédité comme centre de validation des laboratoires de l'Onudi. Le président-directeur général du groupe Saidal, Ali Aoun, affirme que, suite aux déclarations du ministre de la Santé, « nous nous retrouvons aujourd'hui, en tant que producteur national, génériqueur et exportateur, devant une situation très gênante vis-à-vis de nos clients africains et arabes ». Il estime que la qualité des médicaments est du ressort du ministère de la Santé, qui est la tutelle directe du Laboratoire national de contrôle. Ce dernier, rappelle-t-il, a été agréé comme le laboratoire de référence par l'OMS et unique dans le continent africain. M. Aoun a tenu à signaler que ce n'est pas la première fois qu'on attaque la production nationale. « Avec de telles déclarations, il est clair que c'est toute la politique du générique engagée par le gouvernement qui est remise en cause », dira-t-il.