L'Europe élargie veut approfondir ses relations avec ses voisins, la Russie mise à part. Les pays ayant une perspective d'accession à l'Union européenne (UE), comme la Turquie, la Croatie, la Macédoine, l'Albanie et la Bosnie-Herzégovine, ne sont pas concernés. La Jordanie, la Tunisie, l'Autorité palestinienne, le Maroc, la Moldavie, l'Ukraine et Israël sont pleinement engagés dans la Politique européenne de voisignage (PEV), perçue comme « un complément » au processus euro-méditerranéen de Barcelone. Alors que des discussions sont engagées avec la Syrie, la Libye se dit non « concernée » par les propositions nordiques. Tripoli ne voit aucun intérêt à s'engager dans des processus méditerranéens. La profondeur arabo-africaine demeure le seul axe qui focalise l'attention du régime libyien. La Libye et la Syrie n'ont pas signé d'accord d'association avec l'UE. Autant que la Biélorussie qui est « un cas » à part. L'Algérie, qui a signé un accord d'association avec l'UE il y a à peine 5 ans, se dit non encore intéressée par la PEV. Alger entend d'abord donner plus de visibilité à l'application de l'accord d'association et profiter de l'expertise européenne en matière de la mise à niveau de l'économie et de la formation. Alger veut également que les investissements directs soient plus importants, étant entendu que l'UE est le principal partenaire commercial de l'Algérie. La PEV a été ensuite étendue à l'Arménie, à l'Azerbaïdjan et à la Géorgie. La réflexion avait été engagée en 2002 pour savoir ou prévoir ce que sera l'Europe d'après l'élargissement, en ce sens que l'Europe géographique n'est plus une entité fixe. Eviter des divisions, assurer la sécurité et maintenir la stabilité sont, sur le plan politique, les axes centraux de cette réflexion. Après adoption, en 2004, par le Conseil de l'Europe de la démarche, un document d'orientation portant « Politique européenne de voisinage » (PEV) a été élaboré. Un package de douze « plans d'action » a été mis en œuvre, étudié et examiné. Ces plans définissent un programme de réformes économiques et politiques avec des priorités précisées dans le temps. Selon Mary-Teresa Moran, responsable à la coordination générale de la direction extérieure de la Commission européenne, un agenda commun est fixé avec les partenaires de la PEV. « Les objectifs sont liés à la promotion d'une gouvernance de qualité, des réformes et une intégration économique progressive », a-t-elle précisé, lors d'un séminaire organisé la semaine écoulée à Bruxelles par l'European Journalism Centre (EJC), dont le siège est à Maastricht aux Pays-Bas. Elle a indiqué que la démarche est basée sur des valeurs partagées et « un intérêt commun ». La démocratie, les droits de l'homme, l'Etat de droit, l'économie de marché et le développement durable sont les principaux points d'appui de la PEV. L'Europe aspire à engager ses partenaires pour « des réponses conjointes » à des défis liés, entre autres, à la migration, au terrorisme, à l'environnement et à l'écart de revenus.