Pour la première fois depuis longtemps, les sanctions sont tombées très vite suite à un scandale sanitaire. Au moins 3 sages-femmes, un aide-soignant et un responsable de garde ont été mis sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le tribunal de Djelfa, suite à la mort, la semaine dernière, d'une parturiente et de son bébé. La gynécologue qui a brillé par son absence le soir des faits est toujours recherchée par la justice. La décision du procureur général est tombée tel un couperet pour les professionnels de la santé dans cette wilaya, dépourvue de moyens techniques et humains. C'est en tout cas l'une des résolutions de la commission d'enquête envoyée par les services du ministère de la Santé pour enquêter sur les tenants et les aboutissants de ce drame qui a ému tout le pays. Malgré l'émotion suscitée par le décès de la jeune maman de 23 ans et de son bébé, les sanctions du ministère de la Santé ne passent pas. Des dizaines de fonctionnaires de la santé de Djelfa ont organisé, hier, des sit-in pour protester contre le renvoi de leurs collègues. Ils dénoncent également les conditions de travail qu'ils jugent exécrables. Selon des médias en ligne, les fonctionnaires, notamment les sages-femmes et les aides-soignants, menacent d'une démission collective si leurs collègues ne sont pas réhabilités. Ce qui a le plus touché ces fonctionnaires, ce sont les conditions de travail dans lesquelles ils évoluent. Selon les propos rapportés par des médias, les protestataires ne comprennent pas comment on peut leur demander d'être performants eux qui manquent de moyens. C'est ce qu'explique, par exemple, la sage-femme de l'hôpital Mère et enfant de Djelfa. Souad Hamira, qui s'est exprimée sur la chaîne Numidia News, indique qu'elle a «fait ce qu'elle sait» faire. «Selon mes compétences, la défunte ne devait pas accoucher dans la soirée. Je lui avais recommandé d'attendre le matin. Elle est partie.» Comment est-elle morte alors ? «Peut-être qu'elle a eu un coup de sang suite à son renvoi des autres hôpitaux», dit-elle. Pis, elle s'en prend au ministère de la Santé. «Ce n'est pas moi qui travaille toute la nuit qu'il faut arrêter. Il faut arrêter ceux qui envoient les patientes sans même prendre la peine de leur faire des examens», peste-t-elle. Plus grave, elle accuse le ministère de la Santé de négligence : «Comment se fait-il que dans le plus grand hôpital dédié à la mère et l'enfant d'une wilaya qui connaît le 4e taux de croissance démographique, vous installez seulement 2 sages-femmes ?» Cet hôpital reçoit, chaque jour, près de 40 parturientes ! Selon certaines sources, la gynécologue, qui avait brillé par son absence le jour où Mme Derbali est décédée, se trouve toujours en dehors de la wilaya de Djelfa. Beaucoup ne comprennent pas comment elle a pu obtenir un certificat médical délivré par un médecin d'Alger et laisser tout un hôpital sans médecin spécialiste. L'autre question que se posent les citoyens de la région et les observateurs est celle de savoir pourquoi aucun responsable n'est sanctionné ? Le 24 juillet dernier, Mme Derbali, 23 ans, et son bébé sont morts lors de son transfert à l'hôpital. Elle a d'abord été «renvoyée» de l'hôpital Mère et enfant Mohamed Kaki de Djelfa, la sage-femme de garde ayant estimé que son cas n'était pas urgent. Les parents de la dame décident de la transférer vers Aïn Ouessara, puis vers Hassi Bahbah. Elle n'est pas admise. Au retour, elle succombe dans la voiture. Un fait qui a mis en émoi toute la région. Le ministère de la Santé se constitue partie civile et envoie une commission d'enquête pour «sanctionner» tous ceux qui sont «responsables de négligences».