Le CEM d'Aït Zikki n'est pas une « réalisation », mais une honte. Bâti en préfabriqué à 1300 m d'altitude, dans un lieu désert, incrusté dans le massif montagneux, l'établissement scolaire est un vrai calvaire pour 450 élèves. Le CEM a été inauguré en 1993 et le choix de terrain a dû être fait dans la décennie précédente. Les concepteurs de ce projet ont déployé des trésors d'incompétence et de malveillance pour obliger les élèves à monter à pied une pente à la verticale pour rejoindre leur établissement. Un exercice d'escalade en montagne imposé chaque matin, depuis des années, à des centaines d'élèves, filles et garçons. « Les moyens de transport ne peuvent pas monter la pente. Nous transportons les élèves par minibus de leurs villages jusqu'au chef-lieu, puis ils continuent à pied jusqu'au CEM », nous dit le président d'APC. Comment s'habiller en hiver pour supporter le vent glacial de la montagne et éviter les chutes vertigineuses ? Impossible. Seule solution, rester à la maison. Un congé forcé de 2 mois et demi en hiver 2004 avait fait chuter le taux de réussite de 60 à 27 %. Bravo aux aînés, qui avaient confondu un établissement scolaire avec un poste de surveillance militaire. Des ignares qui voulaient sans doute punir les plus jeunes de vouloir prétendre au savoir et à la réussite. C'est l'un des choix de terrain les plus catastrophiques de l'Algérie indépendante. Implanter un CEM au sommet de la montagne est une forfaiture qui mérite des poursuites judiciaires pour sévices corporels infligés à des mineurs. Le wali de Tizi Ouzou a été sensible à cette question lors de sa dernière visite dans la localité, en mai dernier. Il a écouté les élus locaux sans rendre visite au site, pour des raisons évidentes d'inaccessibilité par véhicule. « La délocalisation du CEM a été acceptée par le wali », nous dit le président de l'APC. Aucun écho en retour, pour l'instant, même si les élus locaux ont convenu d'un nouveau choix de terrain loin du pic rocheux. Si la direction de l'éducation a pris note de ce dossier, elle pourrait agir avec diligence pour inscrire un nouvel établissement à Aït Zikki. Pour être véritablement sensibilisés, les responsables du secteur devraient vivre, l'hiver prochain, une seule journée avec les collégiens d'Aït Zikki.