A l'approche du 1er décembre, journée internationale de lutte contre le sida, les Nations unies tirent la sonnette d'alarme contre une maladie qui continue de ravager l'Afrique, mais qui reprend de l'ampleur en Europe, à cause d'un relâchement constaté dans l'utilisation des préservatifs. En France, par exemple, le gouvernement a décidé de mettre en vente des millions de préservatifs à raison de 20 centimes (20 DA) le paquet de six. D'autres pays d'Europe ont, pour leur part, décidé de mettre en place des campagnes de sensibilisation large touchant tous les établissements et les endroits fréquentés par les jeunes. Mais c'est l'Afrique noire qui reste la plus touchée par cette pandémie, avec près de 28 millions d'individus contaminés et dont une grande partie est constituée de femmes et d'enfants. Le prix élevé de la trithérapie (200 à 400 dollars), alors que le niveau de vie ne dépasse par les 30 dollars par mois, complique davantage les soins. Seules quelques organisations médicales internationales, comme Médecins sans frontières (MSF), arrivent à offrir la trithérapie pour certains patients. Mais ce n'est qu'une goutte dans un océan. Le programme de l'ONU (3X5), qui ambitionnait de soigner trois millions de malades sur une période de cinq ans, ne semble pas donner de résultats probants, à cause notamment du prix toujours élevé du traitement antirétroviral (ARV). Dans les pays de l'Asie du Sud et du Sud- Est, où 8 à 12 millions seraient atteints du sida, l'inquiétude demeure également chez les organisations médicales. La prostitution et la cherté des médicaments en sont les premières causes. Pour Peter Piot, directeur exécutif d'Onusida, le constat est tout simplement alarmant. « Le rapport de cette année est pour nous une source d'inquiétude, car il montre que le sida progresse partout dans le monde », a-t-il indiqué, ajoutant : « Chaque jour, 11 000 personnes sont frappées par l'infection, soit un total de 4,3 millions par an. » Cette année, 2,8 millions de personnes ont contracté la maladie en Afrique et 2,1 millions ont trouvé la mort, soit 72% de l'ensemble des décès dans le monde. Dans les pays arabes, 0,46% de personnes seraient atteintes, mais aucun chiffre officiel n'est donné. Les ministères arabes de la Santé ont du mal à communiquer les statistiques relatives à cette maladie pour des raisons morales ou religieuses. Ils continuent de gérer les statistiques liées à cette maladie avec opacité et honte. Dans la région du Golfe, certains pays comme les Emirats ou le Qatar nient carrément l'existence de cas de malades de sida. Plus que cela, ils obligent, d'un côté, les étrangers à faire le test, alors que de l'autre côté, celui-ci (test) n'est pas imposé obligatoire pour leurs propres ressortissants qui se rendent fréquemment dans des pays de l'Asie (Thaïlande, Indonésie, Philippines…) à la recherche de filles de joie. Enfin, l'Afrique australe reste l'épicentre de la pandémie, avec 32% des personnes atteintes et 34% de décès en 2006. En Afrique du Sud, les jeunes de 15 à 24 ans paient un lourd tribut et courent un risque supérieur d'être infectés par le VIH que les jeunes hommes. Devant ce constat, l'Onusida se dit impuissante devant ce raz-de-marée viral. Elle appelle les organisations médicales et les gouvernements à redoubler d'efforts, tant en termes de sensibilisation que sur ceux de la recherche et du développement de nouvelles molécules plus efficaces et moins chères. L'église « tolère » le préservatif Le Vatican pourrait tolérer l'usage du préservatif, prohibé par l'Eglise depuis des années. Le ministère de la Santé du Vatican a commandé une étude scientifique privée sur la question des maladies infectieuses, notamment le VIH, et les moyens nécessaires pour l'endiguer. Bien qu'aucune réponse ne devrait permettre le libertinage sexuel, selon un cardinal, l'usage du préservatif préoccupe beaucoup le pape Benoît XVI, qui pourrait éventuellement alléger son interdiction pour des raisons de santé. Pour rappel, l'Eglise a jusque-là prôné la fidélité et les rapports sexuels dans le cadre légal du mariage pour éviter toute contamination. Cette position a été durement défendue par l'ancien pape Jean-Paul II. Mais devant l'ampleur de la maladie, l'Eglise pourrait infléchir légèrement sa position.