Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, devra reprendre son travail à partir de demain. De France où il passe ses vacances depuis une quinzaine de jours, il regagnera le pays aujourd'hui, a-t-on appris des sources sûres. Mais son retour aux affaires interviendra dans des conditions autres que celles ayant prévalu au moment où il est parti en vacances. Le climat politique n'est plus le même et ses rapports avec la présidence de la République semblent avoir complètement changé. En effet, l'homme fait face, depuis une semaine, à une campagne médiatique féroce téléguidée par on ne sait quelle partie du pouvoir et menée par des médias réputés être proches de l'entourage du chef de l'Etat. Une campagne qui va en s'exacerbant depuis la diffusion, via un canal non officiel, d'une instruction attribuée au président Bouteflika, qui ordonne au gouvernement de revenir sur plusieurs décisions économiques prises ces dernières semaines. Même si la paternité de ladite instruction n'est toujours pas vérifiée, son impact sur le Premier ministre sera trop lourd à supporter. D'où les interrogations des observateurs et de l'opinion publique sur l'avenir de Abdelmadjid Tebboune à la tête du gouvernement. Sera-t-il maintenu ? Quittera-t-il son poste avant la prochaine rentrée sociale et politique ? Wait and see. En tout cas, l'épisode de la semaine dernière a fait couler beaucoup d'encre. Le procédé choisi par les auteurs du fameux rappel à l'ordre adressé au gouvernement, alors que le Premier ministre se trouvait à l'étranger, a suscité une multitude de lectures et d'analyses. Et ça va dans tous les sens. Certains pensent déjà à la fin de mission pour celui qui s'est présenté comme «l'adversaire du mélange entre l'argent et la politique». Pour eux, la «détermination affichée de lutter contre la corruption et les transferts illicites des devises» coûtera cher à Abdelmadjid Tebboune. Le pouvoir de l'argent, expliquent d'autres analystes, «gagne sa bataille contre le Premier ministre». Car, ajoutent-ils, ce conflit a commencé après le renvoi par les services du Premier ministère du président du FCE, Ali Haddad, de l'Ecole supérieure de la CNAS. Très proche de l'entourage du président Bouteflika et un des principaux financiers de ses campagnes pour les présidentielles, le patron du groupe ETRHB s'est vite retrouvé au-devant de la scène, en posant, souriant, aux côtés du frère cadet du chef de l'Etat, Saïd Bouteflika, au cimetière El Alia, à l'occasion de l'enterrement du moudjahid et ancien chef de gouvernement, feu Redha Malek. Cette scène, qui s'est déroulée à quelques mètres seulement du Premier ministre, a été interprétée déjà comme un flagrant désaveu pour ce dernier. Cet épisode fait réagir aussi les leaders de certains partis politiques qui sont allés jusqu'à conclure, comme l'a fait le président du parti Jil Djadid, Sofiane Djilali, à l'existence d'une sérieuse «lutte des clans» dans un contexte caractérisé par «la vacance du pouvoir». Des internautes se sont également exprimés sur le sujet en s'interrogeant sur les dessous de cette affaire. Certains ont même créé des pages de soutien au Premier ministre qui «livre une bataille contre la corruption».