Les actions citoyennes appelant à l'application de l'article 102 de la Constitution dérangent sérieusement le pouvoir. Cela s'est confirmé avec la mobilisation, hier, d'un important dispositif policier pour arrêter un groupe de citoyens, dont des militants du parti Jil Jadid, qui ont voulu marcher dans la capitale. Portant des tee-shirts blancs sur lesquels est retranscrit, en arabe et en français, l'article 102, une dizaine de personnes ont été interpellées dès les premières heures de la matinée. Conduites vers les différents commissariats de police de la capitale, elles n'ont été libérées que vers 18h. C'est ce qu'a annoncé le président du parti Jil Jadid, Soufiane Djilali, sur sa page Facebook. «Nous dénonçons cette répression, digne des pouvoirs totalitaires, visant des citoyens et un responsable de notre parti. Ces interpellations constituent une grave atteinte à la liberté d'expression et aux libertés individuelles et collectives. Ainsi, nous invitons les autorités responsables de cette répression à assumer leurs responsabilités», écrit le parti dans un communiqué posté sur sa page officielle Facebook. Pour rappel, le débat sur la destitution du président Bouteflika en raison de son incapacité à assumer ses missions présidentielles est lancé depuis le début du mois d'août dernier. Le limogeage du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, moins de trois mois après sa prise de fonction, a accentué les doutes sur la véritable source du pouvoir dans le pays. D'où la multiplication des appels à l'organisation d'une élection présidentielle anticipée. Avant l'action d'hier, la direction du parti Jil Jadid avait organisé, mardi dernier, une campagne de proximité pour sensibiliser les citoyens sur la nécessité d'aller vers l'application de l'article 102 de la Constitution. Convaincue que seul le peuple, en tant que seule source du pouvoir, est capable d'assurer l'application d'une disposition constitutionnelle élaborée en son nom, la direction de cette formation souhaite l'inviter à s'impliquer directement, puisque le Conseil constitutionnel bloque toute application de cet article. Munis de documents, dont la Constitution et les propositions du parti, les responsables de Jil Jadid ont sillonné les artères et ruelles d'Alger-Centre où ils ont eu des échanges, souvent cordiaux, avec des habitants, comme le montrent la multitude de photos publiées sur la page Facebook de cette jeune formation.