Pour le pouvoir, il n'est pas question que des associations combatives assistent au procès » des agresseurs et violeurs des femmes de Hassi Messaoud, tranche Malika Remaoun, présidente de l'AFEPEC qui croit savoir que le projet de la réconciliation nationale a poussé certains tenants du pouvoir à monter ces femmes contre les mêmes associations qui les ont soutenues auparavant. Elle s'est exprimée jeudi, lors d'une rencontre organisée au siège de l'association à Oran, sur ce qu'elle a qualifié en dernier lieu de « manœuvres pour discréditer l'AFEPEC ». L'une des femmes victimes a en effet porté de graves accusations contre le réseau associatif qui s'est constitué autour de cette affaire en parlant de détournement d'argent, de photos utilisées dans des revues, de responsabilité dans la précarité vécue par ces femmes (elles étaient 3 sur 39 à continuer à lutter pour que justice soit rendue) et autres considérations politiques. « En tant qu'association de femmes, nous avons été interpellées en lisant un article émouvant de Salima Tlemçani, journaliste à El Watan, qui a remis à l'ordre du jour, en 2004, cette flagrante injustice commise en 2002 lorsque un groupe d'hommes s'est lâchement attaqué à des femmes sans défense. » Cette affaire a eu un retentissement considérable tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays (l'ONG suisse Provictimis, le rapporteur de l'ONU sur les violences faites aux femmes en Algérie, un pays concerné pour les années 2004, 2005 et 2006) mais, depuis, soutient-elle, « les choses ont toujours fonctionné comme si on voulait à tout prix camoufler cette affaire », référence faite, selon elle, « à la manière dont les procès ont été menés, de telle sorte qu'il est devenu très difficile de suivre, l'AFEPEC étant concernée par la préparation et la gestion du procès relatif à cet incident ». Des actions concrètes ont été menées à Oran, pas uniquement par l'association suscitée, en faveur de ces femmes originaires de l'ouest du pays qui ont décidé de continuer le combat. L'association que préside Malika Remaoun a par exemple, en plus, suivi le dossier relatif aux promesses et aux engagements pris par le ministère de la Solidarité concernant Oran, Sidi Bel Abbès, et Tiaret. Retournement de situation, en juillet 2006, cette association reçoit une notification des trois femmes demandant de ne plus intervenir dans leurs affaires. Cet aspect n'a pas été rendu public par l'association qui a sans doute vu un échec, mais un espoir pour que ces femmes aillent d'elles- mêmes solliciter les avocats constitués, comme maître Soudani ou Boutamine, a toujours été nourri par la présidente. Elle a également précisé, preuve à l'appui, qu'aucune reconnaissance de dettes n'a été signée entre l'association et ces femmes et elle a montré, au contraire, juste un papier justifiant la réception d'un don représentant l'apport personnel pour avoir accès à un des avantages offerts par le ministère de la Solidarité. « Nous bénéficions, en tant qu'association, de financements étrangers pour des projets spécifiques, mais nous avons eu à refuser plusieurs autres qui nous ont été proposés. C'est pour cela que les dons prévus pour les femmes de Hassi Messaoud ont été gérés en toute transparence », soutient-elle. Par contre la notification par un huissier de justice du refus de se mêler des affaires des femmes en question a laissé perplexes les membres de cette association. Pour elles, il est clair que ces femmes ont subi des pressions, au mieux elles ont été appâtées par plus d'avantages au cas où elles venaient à renoncer aux poursuites. Effectivement, les femmes en question ont émis le vœu de pardonner pour une raison ou une autre. Le procès prévu le 20 septembre a été reporté au 30 décembre 2006. Les efforts qui ont été faits pour constituer plus de femmes concernées dans cette affaire, une douzaine, victimes de cette tragédie, n'ont pas abouti. « Aujourd'hui, tout en restant solidaires avec ces femmes, y compris dans les aspects purement humains, nous considérons que politiquement, cela a été un échec. » « Au contraire, c'est tout à votre honneur d'avoir défendu ces femmes, (vous n'êtes pas les seules à le faire) et le principe de réparation d'un acte abject et condamnable », a déclaré M. Bengasmia, un représentant du comité d'initiative et de vigilance citoyenne (CIVIC), invité à cette rencontre.