Deux semaines après la décision prise par son parti, Talaïe El Houriat, de participer aux prochaines élections locales, Ali Benflis a animé, hier à Aïn Allah, à Alger, une conférence de presse pour expliquer le choix fait par les membres du comité central le 26 août dernier. Le président de Talaïe El Houriat, qui a affirmé d'emblée qu'il respectait le choix des militants de son parti, dit qu'il ne se fait aucune illusion sur la manière dont ces élections seront organisées. «On n'est pas dupe, ce scrutin sera comme tous les autres», a soutenu le conférencier qui promet de dénoncer les agissements qui ont plongé le pays dans la crise qu'il connaît aujourd'hui. «Les élections locales auxquelles nous participerons, explique Ali Benflis, ne pourront en aucun cas constituer une sortie de crise, ni une étape vers une solution.» «Je me dois également de relever que Talaie El Houriat s'engage sur ce chemin conscient des enjeux.» Selon lui, «il est illusoire de croire que la transparence électorale prévaudra, que les élections ne seront pas entachées de fraudes et d'irrégularités, ou que la machinerie politico-administrative ne confisquera pas à nouveau le choix populaire et ne portera pas atteinte à la souveraineté populaire». «Nous devons impérativement démontrer qu'un autre chemin est possible et démontrer également que d'autres choix s'offrent à l'Algérie. Nous devons impérieusement démontrer aux Algériennes et aux Algériens que nous tous, en tant qu'Algériennes et Algériens, sommes responsables de l'avenir de notre pays. Et qu'il nous revient à tous de le construire», a martelé le président de Talaïe El Houriat qui a appelé à un dialogue sérieux entre toutes les forces de la nation. «C'est la seule issue à la crise de régime que vit le pays», estime-t-il. «Il n'y a pas un autre chemin que celui du dialogue sans exclusive», indique l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2014 qui appelle le pouvoir et l'opposition à se mettre autour d'une table pour dégager une sortie de crise. Ali Benflis, qui dit avoir tout le respect pour ceux qui expriment en toute liberté leur point de vue sur l'article 102 de la Constitution qui préconise la destitution du président de la République en cas de grave maladie, semble ne pas y croire. «Avant, je parlais de vacance du pouvoir, aujourd'hui, je dirais que c'est plus grave, c'est le délitement institutionnel», a soutenu le président de Talaïe El Houria. Pour lui, «les institutions ne peuvent pas jouer leur rôle». Ali Benflis est définitivement convaincu que seul un dialogue, un consensus national et le retour à la légitimité par la mise en place d'une commission nationale indépendante en charge d'organiser des élections libres et transparentes sont à même de sortir le pays de la crise qu'il traverse. A propos de la polémique sur la Bassmala dans les manuels scolaires, le conférencier est catégorique : «Ce sont des combats marginaux». Selon lui, «le vrai débat doit porter sur le droit de la réforme dont a besoin l'école algérienne. Prenons comme exemple la Suède et le Danemark qui ont des systèmes scolaires les plus performants dans le monde». En résumé, «il n'y a pas de solution sans le règlement de la crise politique, sans de véritables réformes structurelles économiques et sociales. Sans un véritable dialogue qui implique toutes les parties, toutes les volontés», insiste-t-il. «Notre pays, affirme-t-il, vit une véritable urgence démocratique.»