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Des experts tirent la sonnette d'alarme
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Publié dans El Watan le 14 - 09 - 2017

Finances publiques dans le rouge, risque d'une spirale inflationniste et de nouvelles coupures budgétaires.
L'Algérie dont l'économie est déjà fortement dépendante des recettes pétrolières, vit une crise financière des plus inquiétantes. «On peut dire que la situation est alarmante du moment que la crise a duré dans le temps avec des effets qui s'accumulent», résume l'analyste financier Souhil Meddah, joint hier par téléphone. Selon lui, le problème majeur qui préoccupe davantage les hautes autorités est celui des finances publiques internes qui se sont détériorées en l'espace de quelques années.
«La tendance baissière du prix du baril, entamée en 2014, a touché à quelques équilibres financiers internes et externes. Les finances internes sont puisées en grande partie par la fiscalité pétrolière. Cette situation qui a duré dans le temps a fait que les ressources en financement se sont détériorées et ont diminuée. Donc, l'Algérie a eu recours au Fonds de régulation des recettes (FRR) à son épargne institutionnelle pour compenser le déficit. Maintenant, la tendance baissière des cours du pétrole a fait que l'épargne qui a été sollicitée n'a pas été réalimentée une seconde fois avec la même cadence», explique-t-il. Un constat partagé par l'économiste Brahim Guendouzi.
«L'Algérie vit une crise budgétaire parce que les dépenses de l'Etat sont à un niveau supérieur et il y a un déficit assez conséquent», observe-t-il, évoquant les engagements que l'Etat doit respecter sous peine d'être submergé par la crise. «Le premier concerne le nombre de projets sensibles en phase de réalisation dans les wilayas et que l'Etat ne peut pas se déjuger en les annulant ou en les gelant. Le second aspect concerne la dette interne. L'Etat a emprunté l'année dernière et doit l'assumer sur une période de 4 à 5 ans. Le Trésor est dans une situation difficile pour faire face à l'emprunt national de l'année passée. Le troisième consiste en le maintien d'une activité économique grâce à la dépense publique.
L'Etat ne peut pas faire marche arrière sur ses engagements», soutient notre interlocuteur. Avec des caisses qui se vident, l'année prochaine s'annonce des plus difficiles tant pour les entreprises que pour les salariés. «Le budget de cette année est déjà planifié et les organismes ont leur budget et sont en train de dépenser normalement. Dans tous les cas, ce problème (gel des salaires de la Fonction publique, ndlr) risque de se poser en 2018. Si la contrainte de cette année se maintient et s'aggrave, il y aura des arbitrages et des coupures budgétaires assez conséquentes dans le cadre du projet de loi de finances 2018. Le budget de fonctionnement sera revu à la baisse, idem pour le budget d'équipement, parce que la pression se fait sur le budget de l'Etat», a affirmé Brahim Guendouzi.

Spirale inflationniste
En attendant, le gouvernement d'Ahmed Ouyhia joue la carte du financement non conventionnel, une mesure qui s'apparente pour beaucoup à faire tourner la planche à billets. «On va créer de la monnaie sur la base d'une demande du Trésor à travers l'émission de bons du trésor. Il y aura une émission monétaire qui va alimenter le Trésor public qui alimentera à son tour une dépense publique, que ce soit sur le plan de l'équipement ou celui du fonctionnement. Si elle va alimenter le plan de fonctionnement, le risque inflationniste est très important du moment que la contrepartie en valeur n'est pas appréciable. Pour la dépense de l'équipement, il y a aura une contrepartie qui touchera l'aspect social de l'économie et l'aspect infrastructurel», analyse Souhil Meddah. Pour sa part, Brahim Guendouzi évoque le risque d'une spirale inflationniste : «Le Fonds de régulation des recettes étant proche de zéro, l'Etat cherche des ressorts pour financer ses projets. Tant que la dépense publique existe, la croissance, même molle, peut perdurer. Mais si on ne met pas des garde-fous par rapport à ce dispositif, la dérive peut exister et dans ce cas, on aura une inflation à deux chiffres qui sera insupportable», met-il en garde.
Quid de l'efficacité de ce nouveau mode de financement de l'économie ? D'après Souhil Meddah, ce dispositif est censé créer de la croissance, une autre fiscalité et des acteurs économiques. Mais «le vrai problème est d'ordre structurel pour booster l'économie», nuance-t-il, en estimant que les entreprises publiques doivent s'adapter à un nouveau modèle de gouvernance tout comme le secteur privé devra se positionner en tant qu'acteur de la sous-traitance pour créer sa propre commande privée. Au chapitre des réformes à mener dans l'urgence, l'économiste Brahim Guendouzi plaide pour une révision du système des subventions, celui de la fiscalité, l'amélioration du climat des affaires et la bancarisation des fonds informels. Il recommande surtout de «sauvegarder» les réserves de change. «Si les réserves de change commencent à diminuer de façon rapide, c'est toute la crédibilité de toutes ces mesures qui sera remise en cause. Les réserves de change, c'est notre crédibilité et notre signature par rapport à l'étranger. La norme internationale c'est trois mois d'importation. Pour le moment, c'est le feu vert, car nous avons des moyens de paiement», conclut-il.


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