Si la dépression pétrolière continue, l'Algérie sera contrainte de solliciter des concours financiers auprès de partenaires internationaux (bilatéraux, multilatéraux, institutions financières...). Elle peut les avoir, mais onéreusement, les taux directeurs étant élevés. Le loyer de l'argent coûtera ainsi plus cher qu'il y a dix ou vingt ans. Toutefois, et avec la crise de l'économie mondiale, est-il facile de trouver prêteur ? Souhil Meddah, expert en finance, affirme qu'après l'annonce de la hausse du taux directeur de la Fed (banque centrale américaine), les financements coûteront plus cher qu'avant, mais que cela dépendra en fait de la formule adoptée (dans le cadre de partenariat, le coût de l'investissement sera ventilé sur plusieurs années) et de l'identité des partenaires. La Chine, par exemple, propose des prêts à des taux très compétitifs. L'expert estime que le seul avantage qu'on puisse tirer de l'endettement est celui de faire accélérer significativement le processus de diversification de l'économie nationale. Car, ajoute-t-il, il faut le faire pour pouvoir passer d'une politique de développement vers celle de croissance en dehors des hydrocarbures. Cela est-il possible cependant ? Souhil Meddah explique que l'endettement extérieur peut être considéré comme un des instruments de maintien du rythme de réalisation des investissements productifs et de croissance, soutenue pour le moment par la dépense publique, une mécanique qui s'essouffle aujourd'hui. Selon lui, une politique économique, qui converge (en théorie du moins) depuis plusieurs années vers une diversification des ressources et des activités, ne peut se passer de moyens financiers externes, quand la ressource interne se raréfie. Seulement, un endettement extérieur risque de se greffer au puzzle, dans un pays qui se cherche et qui ne dispose pas de réel modèle économique, de raviver une période antérieure faite de dette douloureuse. Souhil Meddah a un avis nuancé sur le sujet, avançant qu'une compilation d'activités, de surcroît rentables, peuvent intervenir dans la mobilisation des moyens internes qui serviront à long terme à financer et à développer un équilibre entre plusieurs secteurs, en fonction de l'orientation macroéconomique souhaitée. Il faut par ailleurs, ajoute-t-il, faire la différence entre l'endettement extérieur qui sera principalement dédié aux besoins d'importation et le financement des investissements sus-évoqués. L'expert remontre le temps, rappelant que depuis plusieurs années notre système de financement était conforté par la rentabilité pétrolière, une manne permettant de dégager des excédents, de mettre en équilibre la balance des paiements et d'avoir des moyens de financement externes en valeurs euro/dollar. En outre, note-t-il, le pays disposait de moyens de financement internes via une fiscalité pétrolière libellée en dinar tirée des exportations des hydrocarbures. Une partie des revenus était orientée vers des dépenses directes, et une autre vers le fonds de régulation des recettes servant de moyen de compensation au trésor public en cas de déficit budgétaire. Mais, dit-il, avec la chute des revenus pétroliers, les ressources internes et externes sont en nette régression, causant ainsi un rétrécissement des moyens mis en place pour satisfaire les besoins de notre orientation de diversification économique. Y. S.