Par Lina Kennouche (*) Le sixième round des négociations entre représentants du gouvernement syrien et groupes de l'opposition s'est soldé hier par des avancées tangibles sur la voie de la coopération en faveur d'une solution à la crise. Cette nouvelle étape du processus d'Astana (Kazakhstan), parrainé par la Russie, l'Iran et la Turquie, a abouti à la création d'une quatrième zone de désescalade, dont la ligne de démarcation traverse Abou Douhour, sous contrôle de l'opposition, et couvre la province d'Idleb ainsi que certaines portions de Lattaquié, de Hama et d'Alep. Cette quatrième zone s'ajoute aux trois premières établies dans le sud-ouest du pays, dans la banlieue de Damas (Ghouta orientale) et dans certaines zones de Homs. Parmi les autres résultats obtenus, l'établissement d'un centre de coordination et de surveillance du cessez-le-feu entre les trois pays garants de la trêve dans cette quatrième zone constitue une nouveauté. L'officialisation du rôle d'observateur de l'Iran irrite d'autant plus les Etats-Unis (exclus du processus avec leur allié kurde) que ces derniers ont échoué dans leur volonté d'imposer, au sud de la Syrie, une zone tampon large de 30 à 60 km dont l'objectif est de repousser les forces iraniennes de la zone frontalière du Golan. C'est finalement la proposition d'une zone tampon de 5 km qui est adoptée. Par ailleurs, les groupes de l'opposition prenant part aux négociations ont confirmé leur engagement à combattre Jabhet Fateh Sham (ex-front Nosra) qui se retrouve définitivement isolé dans la perspective de la prochaine bataille d'Idleb (localité syrienne située à mi-chemin entre Alep et Lattaquié et sur l'axe reliant Hama à la frontière du Sandjak d'Alexandrette en Turquie). La trêve et l'élargissement des zones de désescalade confirment donc la position de force de l'armée syrienne et de ses alliés qui peuvent poursuivre leur stratégie de désengagement des fronts nord pour concentrer leurs forces à l'est. L'accord d'Astana a largement été favorable à l'armée syrienne qui a pu transformer significativement le rapport de force sur le terrain. Aujourd'hui, ce processus se présente de plus en plus comme un cadre de coopération propre à favoriser une solution politique. A l'occasion du septième round prévu pour le 11 novembre, l'épineux dossier kurde devrait finalement être abordé. En attendant, des sources proches des négociateurs évoquent une rencontre russo-américaine la semaine prochaine, pour aborder la question d'un retrait américain total de la base d'Al Tanf, verrou stratégique du triangle frontalier entre la Syrie, la Jordanie et l'Irak. En effet, depuis l'échec des opérations militaires visant à empêcher la réouverture de l'axe reliant l'Irak à la Syrie et la jonction entre l'armée syrienne et les forces de mobilisation populaire irakienne, les Hachd Al Chaabi, la présence américaine sur cette base n'a plus d'objectif stratégique, l'armée syrienne ayant pris position au nord et au sud d'Al Tanf. La fin de la bataille de Deir Ezzor devrait accélérer le retrait américain de Syrie.