Moscou a d'ores et déjà annoncé que les avions de la «coalition internationale» menée par les Etats-Unis ne pourront pas opérer au sein des «zones de désescalade». Pour Moscou «les opérations de l'aviation dans les zones de désescalade, en particulier celles des forces de la coalition internationale, ne sont absolument pas prévues. Qu'il y ait avertissement en avance ou non. Cette question est close». La fermeté des Russes concernant cette question pourrait bien constituer un gage de réussite du processus en question. Les pourparlers d'Astana ont ainsi couronné un succès diplomatique de Moscou et de Damas malgré les pressions récurrentes, comme l'affaire de l'attaque chimique, et le bombardement des Américains L'accord entre la Russie, l'Iran et la Turquie pour la création de quatre «zones de désescalade en Syrie» dans l'objectif de parvenir à une trêve durable est soumis à l'épreuve du très complexe terrain syrien. Les pays garants devraient définir avant le 4 juin les contours de ces zones, qui seront instaurées avec une validité initiale de six mois et ouvriront de la sorte une étape importante dans le processus politique à venir. L'accord signé à Astana pourrait bien constituer le début du règlement de la crise syrienne qui prendrait en compte les intérêts des pays garants, ceux la même qui sont engagés sur le terrain. Mais surtout mettre définitivement en échec toutes les tentatives de partition de la Syrie en plusieurs entités. Le terme de «zones de désescalade», désignées également par «zones de sécurité», reste particulièrement difficile à appliquer sur le terrain qui échappe en partie au contrôle. Les observateurs parlent de zones tampon séparées du reste du territoire par des postes de surveillance contrôlés par les pays garants. Des «forces tierces» pourraient être déployées après consensus entre la Russie, la Turquie et l'Iran pour participer à ce processus. Pour l'heure les zones concernées par l'accord sont connues : la province d'Idlib et des zones des provinces limitrophes de Lattaquié, Hama et Alep, des zones dans le nord de la province de Homs, la Ghouta orientale à l'est de Damas et un territoire englobant une partie des provinces de Deraa et de Kuneitra, dans le sud du pays. Des territoires qui ont enduré les affres de la guerre et dont la physionomie territoriale reste compliquée. Dans ces territoires, «les hostilités entre les parties en conflit doivent cesser, tout comme l'emploi de tout type d'armes, y compris de moyens aériens», souligne le texte du mémorandum d'entente, qui précise que les «pays garants doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour continuer de combattre Daech, Fatah Al-Cham (ex-Al Nosra) et tous les individus, groupes ou entités associés à Al-Qaïda ou Daech à l'intérieur comme à l'extérieur de ces régions». La lutte contre les groupes extrémistes semble pour l'heure la seule idée consensuelle entre les différentes parties. En dehors de celle-ci c'est à un véritable jeu d'échec sur le terrain que s'adonnent les acteurs. Avertissement russe Les représentants des groupes armés ont évidement critiqué le plan et dénoncé un «marché de dupes». Les différents groupes soutenus par l'étranger ont souvent revendiqué des zones tampons mais pour d'autres raisons. Aujourd'hui ils ne ratent pas l'occasion de dénoncer la présence de l'Iran en tant que «garant» de l'application de cet accord. Reste un élément d'importance dans l'application du plan d'Astana : comment gérer les rapports avec les autres acteurs, en activité sur le terrain et qui n'ont pas été associés à l'accord ? Moscou a d'ores et déjà annoncé que les avions de la «coalition internationale» menée par les Etats-Unis ne pourront pas opérer au sein des «zones de désescalade». Pour Moscou, «les opérations de l'aviation dans les zones de désescalade, en particulier celles des forces de la coalition internationale, ne sont absolument pas prévues. Qu'il y ait avertissement en avance ou non. Cette question est close». La fermeté des Russes concernant cette question pourrait bien constituer un gage de la réussite du processus en question. Les pourparlers d'Astana ont ainsi couronné un succès diplomatique de Moscou et de Damas malgré les pressions récurrentes, comme l'histoire de l'attaque chimique et le bombardement des Américains. Le soutien, par le Conseil de sécurité de l'ONU, le 31 décembre dernier, à l'accord russo-turc pour un cessez-le-feu et des négociations en Syrie tient toujours. S'ils appuient du bout des lèvres Astana et le voient comme un complément des négociations politiques de Genève, les Occidentaux, comme les capitales des pays du Golfe, insistent sur la nécessité d'en revenir à la fameuse résolution 2 254. Cette dernière établissait une feuille de route détaillée : l'instauration d'un cessez-le-feu, l'ouverture de négociations pour une transition politique, l'élaboration d'une nouvelle Constitution et des élections générales. Mais pour Damas la réussite d'Astana pourrait bien constituer la victoire attendue dans cette guerre imposée de l'extérieur. «Nous respecterons l'accord d'Astana, mais nous continuerons à combattre le terrorisme là où il existe», a tenu à préciser le gouvernement syrien, dont l'objectif principal reste de reconquérir l'ensemble du pays. Plusieurs accords de trêve ou de cessez-le-feu ont achoppé en six ans de tragédie, mais ce dernier mémorandum d'Astana prévoit un mécanisme autrement plus ambitieux. Est-ce la panacée à la crise syrienne ? R. I.